Cela lui coûtait beaucoup de s’adresser à ce Pinto, fonctionnaire ambitieux qui, ne disposant pas des moyens intellectuels et des connaissances nécessaires à sa réussite, s’était spécialisé dans la dévalorisation de ses collègues.
Elle disait d’ailleurs de ce chien qu’il était stupide puisque lorsqu’on sonnait à la porte, il se précipitait alors que ce n’était jamais pour lui.
…Je suis venue ici pour prendre le poste de directrice à l’école primaire. Je ne regrette pas.
- Ça se passe bien ?
- Ça va, mais tu sais, pour tirer les élèves vers le haut, le mieux, c’est encore les cheveux ou les oreilles ! dit Lara en riant.
- C’est incontestable ! renchérit Stella.
Le hasard ne peut sourire qu'aux esprits préparés.
Par un bel après-midi de juin Roberto Esposito emprunta les allées du parc SanLeonardo qui venait d'ouvrir au public. Essoufflé, il s'assit sur un banc à l'ombre des albizias et pensa aux ânes, nombreux sur cette île aux vignes. Il éprouvait de la tendresse pour ses bêtes capricieuses et émotives qui, comme lui, marchait en baissant la tête et pouvait mourir de solitude.
Alberto Saviano, célèbre, journaliste au Los Angeles Times, avait construit sa notoriété en écrivant sur les crimes et les délits commis au sein de la haute société californienne. C’est dans ce cadre qu’il avait été amené à rencontrer le lieutenant de police, chargé des enquêtes et à échanger avec lui, pêle-mêle et au gré des investigations, des informations relatives à l’instruction et à la résolution d’affaires très médiatisées. Leurs racines italiennes communes et le fait qu’ils étaient à peu près du même âge avaient facilité leur rapprochement.
C’est joliment dit ! Pour tout vous dire, ma femme a connu dans son enfance des problèmes familiaux. On lui a caché que son oncle et son grand-oncle faisaient partie de la Mafia. Ils ont commis des crimes et ont fini assassinés. Sa famille n’en parlait jamais. Quand elle l’a appris, tardivement, elle a compris que ce secret devait être à l’origine de sa discrétion excessive.
– C’est peut-être pour ça qu’elle a épousé un inspecteur de police… avança Saviano.
– Personnellement, j’évite l’alcool, indiqua le lieutenant en souriant. Les réveils sont trop souvent douloureux.
– Je vous le confirme. J’ai été malade toute la nuit. J’ai pas mal déliré aussi. Et d’ailleurs, cela vous concerne. Enfin, cela concerne plutôt votre femme… À force de me demander pourquoi on ne la voyait jamais, je me suis mis à échafauder… ses hypothèses.
– Des hypothèses, voyez-vous ça ! J’ignorais que ma femme vous obsédait à ce point !
"La publicité n'a pas le moindre effet sur le destin d'un ouvrage."
Extrait de "La marche dans l'ombre", Doris Lessing, Le Livre de Poche, p.21