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Citation de enkidu_


L’antisémitisme des années trente était porté par de vraies voix.

Il pouvait compter sur des hérauts qui étaient des premiers rôles de la littérature et de la pensée.

Il était, non à la marge, mais au pinacle de l’esprit français sans que nul – c’est presque incroyable, mais c’est ainsi – parût s’en émouvoir.

Paul Morand.

L’immense Louis-Ferdinand Céline.

Le Blaise Cendrars du Bonheur de vivre, ce texte inachevé qui unissait dans la même réprobation « les ouvriers du Front populaire » et « les Juifs ».

Le Giraudoux qui, à l’enquête des surréalistes sur « Pourquoi écrivez-vous ? », répondit tranquillement : parce que je ne suis « ni suisse ni juif ».

Dans la jeune garde, le premier Blanchot.

Ou encore Pierre Drieu la Rochelle, ce romancier respecté, ami de Malraux et d’Aragon, qui a été le compagnon de route jamais vraiment désavoué des premiers surréalistes et dont l’antisémitisme désormais déclaré ne dissuade pas Paul Nizan de le recommander à ses contacts de la gauche allemande lorsqu’il part, en 1938, pour son grand voyage à Berlin et Nuremberg…

Or qui est le Drieu la Rochelle d’aujourd’hui ?

Le Céline ?

Peut-on sérieusement comparer les petits marquis de l’« incorrection politique » actuelle avec l’auteur de ces pamphlets abjects mais encore talentueux qu’étaient Bagatelles pour un massacre et L’Ecole des cadavres et que seront bientôt Les Beaux Draps ?

Et quant aux diatribes poussives et sans talent de tel crâne rasé de la pensée ou de tel ancien comique reconverti dans l’agit-prop antisioniste, ne sont-elles pas vouées à s’effacer comme une écume à la limite d’un mauvais remous ?

Même pour le pire, il faut croire à la force de l’esprit.

Et, plus encore, quand ce sont des écrivains qui l’incarnent.

Rien de tel aujourd’hui.

Rien que des bulles de pus mental.

Et pas un ténor sérieux, pas un écrivain, pour donner à cette pestilence son poids de feu – et, accessoirement, l’air de respectabilité sans quoi elle ne peut rien.

C’est un signe et c’est une chance.
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