Je suis passé à la critique sans même le savoir, car, pour moi, passer de l’enseignement à la critique allait de soi. Quand j’ai créé le premier atelier extérieur des Beaux-Arts, la première chose que j’ai décidée avec mes élèves a été de remplacer symboliquement le mot correction par le mot critique : il ne s’agissait plus de corriger, de fustiger, mais de critiquer au sens le plus noble du terme. Je n’avais rien inventé évidemment puisqu’aux États-Unis, l’enseignement du projet est considéré comme un enseignement critique. J’ai eu moi-même l’immense plaisir, l’honneur d’être l’élève de Louis Kahn qui n’enseignait que la critique. Il ne critiquait aucun bâtiment en particulier, son discours portait sur la totalité de l’objet architectural, sur l’architecture dans son ensemble. Quand il s’adressait à un étudiant pour commenter le projet qui lui était présenté, son discours posait les termes d’un débat ou d’une question générale auxquels la solution de l’étudiant pouvait se rattacher. C’est ainsi que j’ai appris à enseigner moi-même, au contact de ce processus maïeutique.
Cher lecteur, si seule convient à ton esprit la pensée prédigérée actuelle, alors il ne faut pas lire ce livre. Mais, si tu ne crains pas de conserver ton libre arbitre, de cultiver ton esprit critique, alors je te propose ces quelques pages. De mes trois précédents ouvrages, on a dit qu'ils ouvraient l'esprit, qu'ils élargissaient la pensée vers une autre vérité du monde. Avec ce livre-ci, j'ai seulement voulu suggérer une autre vérité d'un point d'histoire.
… Vint le jour où l’on ralentit le pas pour observer le monde. Je l’ai regardé à travers deux paires de lunettes, celle de la science et celle des Écritures. La vue en est transformée. Le spectacle devient féerie. La physique ne s’arrête plus au bout de la matière, gagne une dimension vertigineuse, la dimension du Tout.
Je suis toujours aussi passionné par votre livre. Je relis périodiquement des passages. J'y trouve chaque jour matière à interrogation, réflexion, trouble, mais aussi apaisement.
Vers Toi, tout être qui sait lire ton univers fait monter un hymne en silence. Saint Grégoire de Naziane.