"[...] Même le poème n'est pas définitif. C'est la différence avec autrefois. Quand il y a du récit, il y a du trajet définitif. Mais la fragmentation du poème chasse cette linéarité, ce fléchage temporel. Nous revoilà dans l'interminable, qui peut aussi s'écrire l'in-fini, et il invite chaque lecteur à défaire et à refaire. Si on impose un centre, on exclut le lecteur de son rôle.
On exclut la possibilité d'autres sens, d'autres lectures. Et le lecteur de sa capacité créatrice. C'est la chance du poème de pouvoir être lu, réinterprété."
(extrait de "L'impensable et l'insensé") - p. 34