LES ETATS DE L'AIR
nous n'avons que la vue
les parois de vent
ce vide est le pays
ici la profondeur renverse
le regard sur soi
elle nous fait sauter dans nos yeux
toujours le va-et-vient
le vu et le non-vu
la greffe du pas-là
sur ce qui est là
tant de passages
en nous-même s'ouvrant
en nous-même passant
et l'œil à travers
s'enroule au bâti d'air
chaque chose se tient dans ce qu'elle est
plus de centre
mais du central
tout le corps voit
et la feuille est derrière la vue
comme le dos derrière soi
un chemin d'air
semé de cailloux d'encre
et la porte dedans
la porte qui s'en va
miroir vous êtes
notre tête au-delà
on y rentre chez soi
par la pupille
cette petite lune noire
au ciel de papier
une part d'air
page pour battements
quand la pensée s'envole
buée de traces
buée parmi laquelle
chacun retourne vers le tout
les écailles limpides
le dessous planté d'os
puis l'obscur
partout du seuil
et le même partir
l'étonnement suffit
rien n'arrête l'ouvert
sauf sa propre surface
chaque limite appelle
le regard s'y dépasse
la tête est ce là-bas
où elle le rejoint
alors dans l'œil ailé
le corps se voit venir
où le mental s'aère
mais voici l'Autre en Vous en Lui
la rencontre affrontée
le doublement du monde
un philtre d'air
l'in-fini
et ce mur de rien
où la langue s'entête
puis se noie dans les yeux