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Citation de hcdahlem


(Les premières pages du livre)
Henri Mouquin d’Handrax (1896-1960): peintre mineur, oublié de nos jours. Je m’en suis entiché par hasard, après avoir acheté une toile de lui chez un antiquaire, pour une bouchée de pain. J’ai commencé à me documenter sur sa vie, à chercher des études à son sujet. Je n’ai rien trouvé ; nul historien de l’art, nul érudit, ne s’est passionné pour son cas. J’ai voulu réparer cette injustice, en écrivant moi-même un livre. Ce livre sans doute n’intéresserait pas grand monde, mais qu’importe ! Et si les éditeurs n’en voulaient pas, je l’imprimerais à mes frais.
J’appris que le musée d’Handrax, dans l’Allier – berceau de la famille –, possédait des tableaux de Mouquin. Je décidai de m’y rendre, après m’être assuré par téléphone que l’établissement serait bien ouvert.
Dès mon arrivée, je tombai sous le charme d’Handrax. Mille cinq cents âmes, un clocher, de vieilles rues pavées ; une bourgade quiète et paisible, oubliée par la mondialisation. Hormis quelques enseignes criardes dans l’avenue principale, et de hideuses constructions modernes près de la gare et dans sa périphérie, rien n’y indiquait qu’on fût en 2020 ; on se serait attendu à croiser par les rues des fiacres, et des messieurs à chapeau haut de forme.
Installé dans un ancien couvent, le musée montrait des toiles d’artistes locaux – dont huit Mouquin –, et un certain nombre de pièces d’archéologie mises au jour à l’occasion de chantiers alentour ; la plus grande salle était consacrée aux objets d’autrefois : outils, faïences, balances à plateaux, fers à repasser en fonte, tout un stock légué par un collectionneur. Le musée avait récupéré aussi, à leur fermeture ou lors de rénovations, l’ameublement et la décoration des vieux commerces d’Handrax : la boulangerie, la pharmacie, etc. On avait reconstitué ces boutiques avec des mannequins déguisés, pour figurer les commerçants.
Lors de ma visite, le musée était désert. Je fis le tour, puis étudiai longuement les Mouquin. Le gardien, trouvant suspect mon intérêt pour eux, rôdait derrière moi.
Les tableaux, qui dataient des années 1950 – sa dernière époque, comme j’aimais à le dire –, n’étaient pas mal. Le plus beau, une nature morte, était la version aboutie d’une esquisse que je connaissais déjà. Enchanté, je décidai de revenir avec mon matériel de dessin, pour les recopier. (La loi l’autorise, pourvu que la copie soit d’un autre format que l’original.)
Par courtoisie, j’informai le gardien de mes projets. Il n’y vit aucune objection et demanda s’il pouvait m’être utile. Il était plus sympathique qu’il n’en avait l’air. Nous bavardâmes, et il m’apprit deux choses : que le petit-neveu de Mouquin habitait au village, et que la mairie cherchait pour le musée un second gardien.
Ainsi commença ma nouvelle vie.
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