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3.5/5 (sur 756 notes)

Nationalité : Belgique
Né(e) à : Bastogne , le 27/06/1978
Biographie :

Bernard Quiriny est un écrivain belge, docteur en droit, critique et enseignant.

Critique littéraire, écrit pour la publication "Chronic'art", dont il est le responsable des pages livres, (et occasionnellement à Epok), dans le domaine de la littérature et dans celui du jazz, et pour "L'Opinion". Il chronique également pour le Magazine littéraire.

Il est l’auteur de "L’Angoisse de la première phrase" (2005) et de "Contes carnivores" (2008), deux recueils de nouvelles fantastiques couronnés par de nombreux prix. En 2008, il remporte le prix Marcel Thiry, le prix Victor-Rossel et le Prix du Style pour "Contes carnivores".

En 2013, il remporte le grand prix de l'Imaginaire de la meilleure nouvelle francophone pour son recueil "Une collection très particulière".

Son œuvre est en partie traduite en italien. En 2014, il remporte le prix Premio Salerno Libro d'Europa pour "La biblioteca di Gould", traduction d'"Une collection très particulière".

Il a reçu le prix Émile Faguet de l'Académie française 2014 pour "Monsieur Spleen. Notes sur Henri de Régnier".

Bernard Quiriny vit aujourd'hui en Bourgogne où il est professeur de droit public à l'Université de Bourgogne.
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Source : Wikipedia
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Entretien avec Bernard Quiriny, à propos de son roman L’affaire Mayerling



15/03/2018


L’affaire Mayerling , récit d’une guerre entre un immeuble malfaisant et ses habitants, est un roman de la modernité, mais on se dit qu’il pourrait se dérouler aussi en bien en 1960 qu’en 2018, dans une ville indéfinie. Est-ce une histoire plus universelle qu’elle en a l’air ?


Cette ville a un nom : Rouvières. Mais vous avez raison, c’est une ville imaginaire, qui pourrait être n’importe quelle métropole régionale. Ca pourrait se passer partout en France, et à la limite, partout en Europe, voire dans le monde, puisque l’habitat moche et mal conçu est partout le même. C’est d’ailleurs pourquoi les villes se ressemblent de plus en plus, alignées sur un standard de laideur universelle...



La dénonciation du béton déshumanisant, vivace dans les années 70, semble faire partie de ces combats d’hier dont on ne sait dans le fond pas trop s’ils ont été gagnés, ou s’ils sont simplement passés de mode (Y a-t-il encore des pluies acides ? Le trou dans la couche d’ozone est-il rebouché ?) Est-elle toujours d’actualité ?


Le fait que les gens protestent moins contre le désastre urbanistique en cours ne signifie pas que ce désastre a cessé, mais qu’ils s’y sont habitués, ou qu’ils sont résignés – la laideur est tellement entrée dans le paysage que nous ne pensons même plus à nous en plaindre. La principale différence entre la critique 70’s des grands ensembles (cf. I.G.H. de Ballard, etc.) et la situation d’aujourd’hui, c’est qu’on n’a plus affaire à des tours de 30 étages ni à des cités délirantes à plan géométrique, utopies abandonnées même par les plus cinglés des modernistes (à regret, les concernant). Le béton s’avance sous des formes plus discrètes, mais tout aussi malfaisantes, celle des résidences moyennes comme le Mayerling du roman, qui poussent partout sans qu’on y prenne garde.



Sur un mode particulier, L’affaire Mayerling renvoie aux codes des récits de manoirs hantés ou d’objets maléfiques (on pense parfois à Christine, de Stephen King.) Est-ce un genre que vous affectionnez ? Souhaitiez-vous le renouveler ?


Je n’avais pas de références en tête mais je me suis rendu compte que le roman, d’une certaine manière, actualisait le motif de la maison hantée, à l’ère de l’habitat collectif. Au lieu d’un manoir, ou d’un château, qui persécute un nobliau, c’est une résidence flambant neuve en béton qui persécute ses copropriétaires. La différence, c’est que dans la tradition gothique du château hanté, le problème ne vient pas du château, mais des fantômes qui l’habitent ; dans « L’Affaire Mayerling », le problème est l’immeuble lui-même, intrinsèquement malfaisant. Il paraît que « L’Affaire Mayerling » rappelle un peu Stephen King. On me l’avait dit déjà à propos du « Village évanoui ». Je suis flatté de l’entendre, tout en étant un peu surpris : je n’ai pas pensé à lui en imaginant l’histoire et, à part le thème des objets malfaisants, les deux univers me paraissent quant même éloignés l’un de l’autre. Mais j’ai trop le nez sur la page pour juger.


Les habitants du Mayerling, malmenés et même torturés par leur immeuble, se mettent en quête d’un architecte qu’ils ne trouveront jamais. Mais l’architecte du livre, c’est vous. L’auteur prend-il un plaisir coupable à cribler ainsi ses pauvres personnages d’aiguilles ?


Je ne devrais pas le dire, mais oui, c’était amusant d’imaginer des catastrophes à leur faire subir.


Votre roman explore des formes littéraires variées : la publicité, l’interview, le journalisme militant, le carnet de bord, l’email, le forum, jusqu’au journal de pesées… En tant qu’écrivain, que trouvez-vous dans les contraintes offertes par ces différentes formes ?


Comme vous savez, je suis plutôt un amateur de formes brèves. Mais l’histoire du Mayerling impliquait un développement long. J’ai donc eu l’idée de « pulvériser » la narration en petits blocs, afin de fabriquer mon roman par addition de formes brèves. Varier l’allure des blocs, en recourant à tous ces formats, m’a paru une bonne façon de procéder. C’était amusant à écrire. Et comme lecteur, j’aime bien les récits basés sur des principes formels insolites (romans par lettres, par entrées de journal intime, par documents, etc.), je me suis donc dit que ça serait plaisant à lire.



Sans indiscrétion, quelle est votre situation immobilière personnelle… locataire, propriétaire, copropriétaire, d’un appartement ou d’une maison ?


Joker.


Bernard Quiriny à propos de ses lectures


Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?


Le passe-muraille


Quel est le livre que vous auriez rêvé d’écrire ?


Le passe-muraille. Ou n’importe quel livre de Jorge Luis Borges

.

Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?


Vous allez rire : Le passe-muraille. Pour le plaisir, ou pour étudier « comment c’est fait ».


Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?


Il y en a trop. Je n’en cite aucun, pour ne pas faire de jaloux.


Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs?


Une perle méconnue, on la garde pour soi ! Mais allez : Histoires incertaines, d’Henri de Régnier

.

Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?


Fétiche, non, mais j’avais mis ceci en exergue de Contes carnivores : « Si ces faits stupéfiants sont réels, je vais devenir fou. S’ils sont imaginaires, je le suis déjà ». Ambrose Bierce

.

Et en ce moment que lisez-vous ?


Des essais de Friedrich A. Hayek, un récit de Jacques Perret et un recueil d`André Dhôtel sur les fleurs.



Découvrez L’affaire Mayerling de Bernard Quiriny aux éditions Rivages :





Entretien réalisé par Guillaume Teisseire.


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En une fable contemporaine irrésistible de brio littéraire et philosophique, l'écrivain Bernard Quiriny raconte la pensée libérale, ses fondements, ses développements, son histoire, à travers les débats d'un club imaginaire dont on rêverait de pousser les portes. Ils aiment la liberté, la propriété privée, l'égalité des droits. Ils se méfient de l'État, du pouvoir, des impôts. Ils détestent qu'on leur dise quoi penser ou comment mener leur vie. Ils ne sont pas d'accord sur tout mais se retrouvent sur l'essentiel. Constant, Stuart Mill, Smith, Say, Tocqueville, Sieyès ou Hayek : ce sont les libéraux, ces penseurs parfois présentés comme des épouvantails, sans qu'on prenne toujours la peine de les lire. Avec style et humour, Bernard Quiriny explore les oeuvres des grands auteurs et montre comment les débats d'hier continuent d'influencer ceux d'aujourd'hui. Un panorama complet, accessible à tous. Une grande fresque qui se déploie avec élégance. Un éloge de cette denrée fragile et précieuse, la liberté.

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Citations et extraits (177) Voir plus Ajouter une citation
Le Baron se tut, puis ajouta, péremptoire: " Si la nature avait voulu que nous parlions et mangions tout à la fois, elle nous aurait donné deux bouches."
Sur quoi, il attaqua son steak.
(page 113)
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Le Baron avait toujours mille idées de livres à écrire, mais n’écrivait jamais rien. « Je suis très fort pour inventer des sujets, dit-il, activité facile qui ne requiert qu’une illumination. Comme ces illuminations me viennent toutes seules, mon mérite est nul. Hélas, je suis incapable ensuite de me mettre au travail. Je manque d’esprit de suite. À moins que je ne sois trop exigeant : j’ai peur que le résultat soit différent du projet et je préfère renoncer. »
(page 77)
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Souvent le Baron m’énervait. Il avait tant de tics, de manies, de lubies. Il me faisait tant de mystères, prenait un tel plaisir à me faire mariner et tourner en bourrique, se comportait si souvent avec moi comme un maître avec un élève, ou Socrate avec un disciple, ou encore un prestidigitateur avec un spectateur ! Or je ne voulais ni être son élève, ni son disciple, ni son spectateur.
(page 107)
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J’ai lu les socialistes, les libéraux, les conservateurs et les réactionnaires. Je veux dire, lu à fond, en remontant aux principes et en suivant les raisonnements jusqu’au bout. Eh bien ! Les socialistes, je trouve qu’ils ont raison. Les libéraux aussi. Les conservateurs également, et les réactionnaires. Tout le monde. Si je laisse mes intuitions de côté et que j’examine loyalement leur point de vue, je tombe toujours sur ce qu’il y a chez eux de logique et d’exact, et je m’y range. Du coup, je tiens des propos inconciliables entre eux, suivant l’auteur que j’ai lu récemment.
(page 63)
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Le Baron s’astreignait parfois, toute une journée durant, à ne s’exprimer que par questions. Il appelait cela les « journées interrogatives ». Comme il ne prévenait pas ses interlocuteurs, ces derniers pouvaient trouver la chose surprenante ou penser qu’il se payait leur tête. Mais ils étaient en même temps charmés parce que le Baron, avec ses questions, donnait l’impression qu’il s’intéressait à eux, et qu’il les mettait en valeur.
(page 67)
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p 93
Deux temps se font concurrence en nous : le temps social, imposé, le même pour tous ; et le temps intime, imaginaire, qui nous est propre. Le premier est fragmenté en unités minuscules qui condamnent à papillonner (on trouve chez Montherlant l’expression «  vie déchiquetée », dans « Va jouer avec cette poussière » p 151) ; le second est continu, propice à la méditation. On le redécouvre quand on a de la liberté, qu’on ne pense plus à regarder sa montre, qu’on ne s’oblige plus à suivre les rites sociaux (lire le journal, attraper un bus, voir du monde). On vit selon soi, et on est surpris alors par les accélérations et les ralentissements du temps, qui semble ne plus couler normalement, plié qu’il est aux périodes aléatoires de notre imagination.
(…) Le temps libre — c’est-à-dire libéré — est, après le silence et l’ennui, la troisième condition pour écrire : « Ce qui empêche de travailler, c’est notre servilité à la division arbitraire du temps en jour et en heures, dont l’antique et héréditaire accoutumance influe sur nous. Lutter pour détruire en soi l’idée nuisible du temps » ( Régnier, cahiers inédits p 169)
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Sans le sommeil, nous deviendrions fous ; je ne parle pas des conséquences physiques de la privation, mais de psychologie pure. Eh bien ! L’insomnie, c’est le bouleversement de cet équilibre ; la rupture de la trêve ; l’invasion de la vie dans la zone où elle n’a pas droit de cité. Notre existence terrestre est une lutte quotidienne entre le sommeil et la vie.
(page 123)
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C’était un homme d’âge indéfinissable entre cinquante et soixante ans, bien habillé, un peu replet, très gentleman farmer, avec une épaisse barbe grise. Ses cheveux ébouriffés n’avaient pas dû voir un peigne depuis longtemps. Il marchait avec une canne, une belle canne en bois noir, avec un pommeau d’argent.
Il était très grand ; debout, il avait quelque chose d’un ogre.
(page 11)
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Bernard Quiriny
Le jour où on rééditera Régnier, il faudra commencer par les Histoires incertaines. Le fantastique connaît ces temps-ci un petit retour en grâce, qui s’explique peut-être par les mêmes raisons que sa vogue au XIXe siècle – dégoût du matérialisme, envie de réenchanter le monde, etc.
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Les employés à le voir s’ennuyer dans son bureau, une cigarette entre les doigts, avaient été saisis d’une sorte d’épouvante ; ils avaient spontanément attribué à son inactivité une signification paradoxale : celle qu’il était en vérité très actif. Moins il en faisait, plus ils se convainquaient qu’il préparait en fait un énorme coup, qui ridiculiserait leurs propres efforts. Ils redoublaient donc d’ardeur à la tâche, et leur productivité bondissait.
(page 90)
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