En bas du pont de Rouen, côté rue de Sartrouville, il y a des pissotières. De l'eau coule en permanence, jour et nuit, sur les ardoises malodorantes. Si bien que la terre du trottoir est toujours transformée en boue, sauf l'hiver quand ça gèle. Le dimanche matin les Algériens habitant de l'autre côté du pont, vers l'école, passent par ici au retour du marché des Quatre-chemins, avec leurs paniers pleins. Les flics adorent se poster à cet endroit. Ils arrêtent les Algériens, contrôlent leur identité puis ils leur font poser le sac par terre et, sous prétexte de vérifier ce qu'ils transportent , vident les provisions dans la boue, légumes et viandes, qu'ils s'arrangent ensuite pour piétiner distraitement.
( p 90)
J’ai toujours aimé l’inconnu, j’ai toujours aimé partir, voir, être ailleurs que là où j’aurais dû être. Pour moi c’était ça la liberté, c’est comme cela que je la comprenais.
En fait je ne saurai probablement jamais pourquoi j’ai brusquement tout laissé et ça n’a aucune importance. Peut-être suis-je tout simplement parti pour mourir.
C'est toujours de ceux qui se battent et non de ceux qui se résignent qu'il nous reste le plus de choses.
Le premier commandait des œufs au plat, le deuxième un demi et le troisième « Rien merci ». Puis nous nous précipitions tous les trois sur le pain que nous tartinions de moutarde afin de calmer momentanément notre perpétuel appétit.
J’étais amoureux fou. Cela n’avait en soi rien d’exceptionnel, j’ai toujours été amoureux fou de quelque chose ou de quelqu’un, de la poésie, des voyages, de la montagne et bien sûr des filles.
Au fond, on ne fait jamais son deuil.