AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de petitsoleil


A trente-cinq ans, Georges était encore célibataire.
Amateur de jolies femmes, il disait qu'il les aimait trop pour se contenter d'une seule. Infidèle et séducteur, il faisait fuir les partis intéressants, mais attirait comme des mouches nombre de femmes mariées qui venaient s'encanailler dans la petite garçonnière qu'il possédait à Nouméa.
Malgré ce caractère volage, Edouard ne désespérait pas de le voir fonder une famille. Avec sa mort, cet espoir s'évanouissait définitivement.
Sa disparition était un coup dur pour les mines Delaunay.

Le fils cadet, Albert, n'avait aucune des qualités de son aîné. Agé de 33 ans, le visage rond et le ventre confortable, il souffrait d'une nonchalance qui le portait à une oisiveté perpétuelle. Edouard doutait qu'il fût capable de s'intéresser à autre chose qu'au jeu et aux femmes. Albert passait son temps à traîner dans les bars et les cercles clandestins de Nouméa en compagnie d'individus peu recommandables. (...)

Albert avait été marié une dizaine d'années plus tôt.
Edouard n'avait pas approuvé cette union. Son épouse, Elise Lavergne, était une fille très jolie, mais d'aspect et de manières vulgaires. Elle descendait de ces premiers colons dont on ne savait pas trop s'ils étaient passés ou non par la case "bagne" avant de se fabriquer une honnêteté.
Edouard s'était rendu compte que la jeune femme était avant tout intéressée par le fait qu'Albert appartenait à une famille fortunée. Elle avait su le séduire et l'avait mené par le bout du nez. (...)

la troisième, Gabrielle, ne pleura pas. Cela n'étonna pas vraiment Edouard.
Entre eux, les relations se révélaient plus délicates. Née en 1912, elle avait hérité du joli visage de Joséphine et du caractère autoritaire de son père, ce qui constituait un contraste étonnant.
Huit ans plus tôt, elle avait épousé le fils d'un haut fonctionnaire de la capitale néo-calédonienne, un jeune homme timide et effacé, Henri de Villenérac.
Cette alliance apportait à la belle Gabrielle une particule dont elle se flattait beaucoup.
C'était à Gabrielle que le grand-père maternel, Auguste Boulanger, mort au début des années trente, avait légué sa plantation de café, située dans la région de Païta, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Nouméa.
Contrairement à Edouard, elle avait tendance à exploiter ses ouvriers et professait un mépris affiché pour les Canaques, qu'elle jugeait paresseux et indignes de confiance. Ce qui expliquait la rotation continuelle de ses quelques employés indigènes, peu désireux de rester au service d'une femme aussi despotique. Edouard avait tenté plusieurs fois d'avoir une discussion avec elle à ce sujet ; elle avait refusé de l'écouter. (...)

Au-delà de son chagrin, Edouard ne pouvait s'empêcher de mesurer les conséquences de la mort de Georges. Albert n'était pas en mesure de prendre la suite de son frère. Quant à Gabrielle, les mines ne l'intéressaient pas, et il n'avait pas envie de la voir appliquer dans ses mines les mêmes méthodes que dans sa plantation. Ce serait le meilleur moyen de faire fuir les ouvriers.
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}