LA PROIE
Dix ans plus tard, j'étais « la proie » d'une partie de cache-cache et Madge, Sharon et Alice braillaient que mes jours étaient comptés.
Je les avais semées et je me cachais derrière des fourrés au bout du champ. À l'abri de mon buisson, je m'en souviens, je jetais un cil pour voir si elles se dirigeaient vers moi quand un bras a ceinturé ma taille et m'a traînée en lisière de la forêt de Coppice, qui bordait les champs.
Si rapidement que, avant que j'aie pu me débattre ou crier, je me suis retrouvée projetée sur une épaule vigoureuse, la tête emprisonnée dans un sac et bringuebalant sur le dos de l'assaillant.
Ensuite il s'est mis à courir. Je n'avais pas vu à quoi il ressemblait, et personne ne m'avait vue disparaître. J'avais du mal à respirer, le sang s'accumulait dans ma tête et commençait à couler par le nez. Je me rappelle avoir également mouillé ma culotte.
Voilà. Ce fut aussi rapide et brutal que ça.