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Citation de Jean-Daniel


Ainsi, il est vite apparu qu’à force de parler d’une « littérature à elles » (titre de l’étude d’Elaine Showalter), et d’affirmer l’existence d’une différence entre les auteurs femmes et les hommes, voire même de revendiquer une « écriture féminine », on prenait le risque d’isoler les écrivains femmes dans des catégories prédéterminées, de leur attribuer des caractéristiques dans lesquelles toutes ne se reconnaîtraient pas forcément, de sous-estimer l’importance d’autres facteurs ayant une influence sur la création, comme la lignée et la classe sociale. N’est-ce pas aller dans le sens des pratiques discursives repérées par Michel Foucault comme étant la base de l’aliénation de notre pensée que de croire en une « écriture féminine » d’essence naturelle, universelle et transcendante ? La constitution d’un champ d’études déterminé par le seul critère du genre de l’auteur ne repose-t-elle pas sur la croyance en une « différence » que certaines théoriciennes, comme Judith Butler, affirment par ailleurs être entièrement construite ? Ne convient-il pas, comme le suggèrent plusieurs théoriciens du genre, de distinguer sexe et genre, l’un étant d’ordre biologique, et l’autre une construction culturelle acquise par des pratiques et des comportements mimétiques dictés par la société ? Une étude de la littérature écrite par des femmes doit donc se garder de verser dans l’essentialisme ou de se figer dans des pratiques discursives du même type que celles qu’elle vise à dénoncer.
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