Betty Quirion "La fraîcheur de l'instant"
Tant que vous percevez et interprétez votre état, il faut reculer encore et voir le mécanisme de récupération du personnage en marche, encore et encore. Rester vigilant en se ramenant sans cesse vers le point zéro, cʼest cela le vrai travail de méditation.
Comment fonctionne ce personnage qui rêve? Il se bâtit autour dʼexpériences non résolues, généralement survenues dans lʼenfance. Les émotions qui en découlent, cristallisées dans le temps, sont en attente de solutions. Comme le rêveur veut demeurer dans le corps, il se sert des émotions pour se cimenter à sa demeure imaginaire. Quand une émotion surgit, le mental réactif trouve une solution temporaire pour sécuriser le rêveur. Les différentes approches thérapeutiques visent justement à transformer lʼémotion, ou à lʼaméliorer. Regarder lʼémotion bien en face, sans autre but que de la voir, permet à celle-ci de se déployer et allège graduellement la sensation dʼenfermement dans le corps.
Le corps retrouve ainsi la fraîcheur et la spontanéité de son fonctionnement naturel.
Mais qui est le soi?
Existe-t-il réellement?
Comment le voir sans le laisser vous rembobiner dans le rêve à nouveau?
Le soi dont on parle ici est le rêveur, le personnage que lʼon croit être. Ce personnage vous semble être un individu réel qui évalue, veut se perfectionner, sʼaméliorer et même sʼilluminer. Il est celui que vous appelez : moi. Il veut se réaliser dans le futur, car il croit au temps dʼapprentissage par lʼaccumulation de connaissances. Il vit dans le temps. Mais quʼest ce que le temps ? Le temps est le mouvement imaginaire de ce personnage. Ce personnage est une erreur de perception, un personnage fictif, un amalgame de souvenirs, de théories et dʼhabitudes. Regardez honnêtement ce qui définit votre je, sur quoi repose votre identité. La personne que vous avez cru être dans le passé, que vous croyez être maintenant et que vous prévoyez devenir dans le futur nʼest jamais stable, jamais identifiable. Quand vous proclamez : Moi, je sais que…
De qui parlez vous? A partir de quel point de vue ?
Le lâcher prise est la reconnaissance, lʼévidence que la vie nʼa pas besoin du rêveur pour être, pour sʼexprimer au travers du corps. Lâcher prise partiellement est vouloir garder vivant ce personnage. Si ce lâcher prise est partiel, il est conditionnel et relève dʼune décision mentale qui garde le contrôle.
Sʼinterroger sur la validité de soi est la seule vraie remise en question, la seule véritable interrogation et elle créera un doute fondamental au cœur même de ce personnage fictif. Se pourrait-il que je nʼexiste pas et que le «je » ne sois quʼune illusion ? Quʼil nʼy ait pas dʼêtre lumineux à lʼintérieur de vous qui attend juste dʼêtre éveillé ?
Se pourrait-il que je sois seulement lʼidée que je me suis faite de moi même? Lʼhonnêteté vis à vis de cette question va déterminer votre disponibilité véritable à voir la Réalité une fois pour toute, va créer une ouverture qui donnera le recul nécessaire pour voir ce personnage en action. Cet ultime lâcher prise vous laissera seul, positionné sur le seuil de la grande machine à rêver, libre pour Voir qui est ce personnage que vous imaginez être.
Ce lâcher prise déstabilisera lʼégo, lʼindividu, le rêveur, le chercheur qui croit contrôler sa vie et celle des autres. Désirez-vous encore travailler à améliorer ce personnage fictif ? A le sauver ? A lui donner de la force, du courage ? A le consoler de ses peines imaginaires ? A lʼamener sur un chemin imaginaire vers une libération remplie dʼamour et de réconfort ?
La sensation d'exister individuellement disparaît.
La Vie est, sans le personnage de Betty.
Je ne sens plus de différence entre le chemin, le ciel, la poussière de la terre, le bruit ou l'absence de bruit.
Je ne suis ni devant ni derrière, ni en bas ni en haut.
Je ne suis plus dans un corps. Le corps est juste une forme de plus dans cet espace où flottent milles formes.
Je suis la perception.
Je ne vois plus à partir du point de vue de Betty,
Je suis Cela qui est conscient que les formes apparaissent et disparaissent.
L’être ne s’éveille pas: il arrête de rêver qu’il existe en tant que pensée individuelle et se fond complètement dans le tout.
La Vie est si parfaite.
La grande joie est le retour à la Source.
Comme je pense que l'être humain ne peut accueillir la vérité telle qu'elle est, j'espère que mes rêves nocturnes pourront m'en révéler des parcelles à travers leurs symboles. D'ailleurs, mes nuits sont remplies de rêves, et je suis fascinée par ce monde peuplé d'images, de sons, de mots et de personnages. Durant de nombreuses années, je note tous mes rêves dans un petit carnet que je garde précieusement et j'analyse les symboles perçus afin d'en décrypter le sens.
À ce buffet spirituel du nouvel âge auquel je m'alimente, des sujets reviennent en boucle : la vie après la mort, l'origine de la sensation de vivre dans le corps, le destin, les autres mondes, la foi, les religions, les rêves, le temps, la souffrance, la violence, Dieu, les grands maîtres, l'amour universel.