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Citation de Ahoi242


Il existe dans la nature des exemples impressionnants de ce que l’on appelle l’intelligence collective. Les termites, par exemple, qui travaillent ensemble à l’établissement de leurs immenses monticules ; ou les oiseaux migrateurs, qui fonctionnent en parfaite coordination sur des distances phénoménales sans que nulle part un être ou un groupe d’individus n’émette d’ordre à ce sujet.

On sait aujourd’hui que cette coordination est produite indirectement, par le fonctionnement et la lecture notamment de traces, y compris hormonales. C’est donc la lecture a posteriori de ces traces laissées par les autres membres du groupe qui permet l’émergence de ce qu’on appelle "l’intelligence collective", sans que nulle part on ne puisse vraiment rencontrer cette intelligence elle-même. Les biologistes l’appellent la stigmergie. Elle est à la fois le fruit de la somme des intelligences individuelles du groupe, et plus que cela à la fois.

Cette idée d’agréger une multitude de petits travaux individuels pour réaliser quelque chose de supérieur à la somme des parties n’est certes pas nouvelle pour les humains, qui se sont très tôt constitués en organisations destinées à accomplir certains objectifs. Mais si on se penche sur les réalisations les plus imposantes et les plus immédiatement visibles, les Pyramides d’Egypte ou des domaines Aztèques, la Grande Muraille, le Colisée, et plus récemment nos gratte-ciels partout dans le monde, on constate qu’aucune n’est le fruit d’une intelligence collective humaine. Elles sont pratiquement toujours le fruit des ordres données par une ou plusieurs personnes, bien souvent complètement absente de la mise en œuvre technique.

Aujourd’hui le mode de décision prôné dans la majorité des discours est devenu celui du marché, du Winner takes all, réputé plus efficient qu’une prise de décision hiérarchique. Pourtant, la compétition (puisque c’est elle qui est au cœur de la logique de marché) n’est pas toujours le meilleur moyen d’allouer les ressources. On peut prendre comme exemple très simple la Recherche et Développement sur les sujets pharmaceutiques, aujourd’hui compartimentée en autant de silos qu’il existe de laboratoires, tous lancés dans une course dont les termes sont simples: le premier qui dépose le brevet gagne. Se demander si la mutualisation des ressources et des hommes sur ces sujets-là ne serait pas meilleure pour le bien public, c’est prendre conscience des limites de la gouvernance systématique par le marché.

La question qui se pose est donc de savoir s’il nous est possible, à nous humains, d’atteindre en partie cette forme d’intelligence collective déployée par d’autres espèces, et de l’appliquer à des buts plus ambitieux que la création d’une termitière. Ce ne serait pas la première fois que l’on imiterait la nature dans ce qu’elle sait le mieux faire. Elle nous a donné envie de voler ; pourrait-elle nous conduire vers des formes d’organisations plus horizontales et plus efficientes ?

A mon sens, la blockchain est un outil capable de nous amener vers cette intelligence collective.

Perspectives et enjeux des blockchains de demain - Primavera de Filippi, Chercheuse au Cersa (CNRS) et au Berkman Center for Internet & Society à l'université d'Harvard
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