Les jours précédents, il avait aperçu de loin les collines, en se promenant le long des grandes avenues de Kigali. Elles lui avaient alors paru d’une sublime beauté. A présent, la ville lui montrait son visage caché. Rien jusque-là ne lui avait laissé deviner l’existence de ces maisons en torchis, sinistres, exiguës et aveugles. Tassées sur elles-mêmes, elles semblaient prêtes à s’effondrer à tout moment. C’était le chaos absolu. Tout semblait disloqué, zigzaguant, délabré, tordu, bricolé, minable. Jamais il n’avait eu un contact aussi direct et violent avec la misère.