Le corps aussi inerte que celui d’un mort, balloté à vau-l’eau, il me semblait que le filet d’air de ma bouche gonflait les voiles de mon embarcation pour la mettre au vent. Je filais sur le dos des années vagues, juste à la crête des sensations que je serrais de près. J’accostais des souvenirs engloutis avec la frénésie du découvreur. Je retrouvais des lieux, des odeurs, des gestes et des silences ensevelis sous les rumeurs de l’existence et qui, pour un peu, -pour si peu-, seraient à jamais perdus.
C’était comme si je racontais une histoire.
Je touche l’épaule de Margot et le contact de mes doigts la fait frissonner. Je les glisse sous la bretelle de sa robe ornée d’un feston rouge grenat. Ses yeux brillent par-dessus le morceau de peau timide que je cherche encore.