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Citation de Maldoror


Un jour où nous répétions le "Freischütz", alors que nous patinions sur l'ouverture depuis deux heures, il agite son bras gauche, hoche lentement la tête et nous pose la question : "Est-ce que vous croyez aux fantômes ?" Deux fois, il nous demande, sur un ton de voix sincère, un sourire énigmatique flottant sur ses lèvres : "Est-ce que vous croyez aux fantômes ?" Après un silence, il ajoute : "Votre musique manque de fantômes." Il lève sa baguette. Reprise. Nouvelle interruption. "Les fantômes ! Où sont vos fantômes ?" Il se passe lentement la main dans les cheveux, il les ramène en arrière. Il commence à transpirer. A chaque répétition, il transpirait abondamment. "Vous perdez le tempo ! Gardez le tempo ! On reprend à 54. Non, 55." Reprise. Nous nous efforcions de faire naître les fantômes en respectant le tempo. Les deux ensemble : les fantômes et la mesure. Une tâche impossible. Interruption. "Les violons ! Vous n'êtes pas assez nets. Pas assez détachés. On doit entendre : ta-ta-ta-ta-ta !" Il se mord la lèvre inférieure, il articule ses instructions avec le plus de netteté possible. Avec son pouce et son index, il pince le vide devant lui : "Vous entendez ? Ta-ta-ta-ta-ta et ta-ta-ta-ta-tim ! Ce sont des fantômes, mais des fantômes très mathématiques." Vous connaissez un seul chef qui ait fouillé la musique au point de dénicher des fantômes mathématiques ? Non ? Vous me faites plaisir. Pour une fois, vous me faites plaisir. Je vous disais quoi ? J'ai un trou. Qu'est-ce que je vous disais ? Les fantômes. Il fallait croire aux fantômes pour jouer correctement le "Freischütz", selon Carlos.
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