Peut-être la terre est-elle un peu plus mélancolique à chaque fois qu’une plante fend sa surface. Peut-être garde-t-elle dans chaque tige qui lui échappe, chaque feuille qui s’étend, le souvenir de la graine qu’elle a abritée en elle, dissimulée jusqu’au moment inévitable où elle lui a échappé.
Cependant, je n’étais pas une plante. Je n’étais pas même un champignon, pas même une mousse. Je n’étais qu’une partie plus ambitieuse de la boue mue par une énergie étrangère : cette nécessité de respirer et de vivre dont le limon est dénué. Lui se satisfait de gésir, ou de couler lentement. Il ne fait aucun mouvement brusque, aucun éclat. La vase existe, sans but ni raison.