Poésies métisses
OMBRE D’UN SEUL NUAGE
Quand les deux cerisiers se touchent
ils font de tout le regard un blanc
cela ne dure pas au printemps
un jour tout leur poids s’écroule
et les beaux pétales se resserrent
autour d’un goût de sel dans la bouche
au début de l’été
dans le voyage à Tôkyô
il fait déjà chaud
sensation qui fermente
de l’eau aux fleurs de cerisier salées
leurs feuillages donnent une ombre tendre
particulière aux cerisaies
ce que l’on ne sait jamais des autres
se referme avec le temps
Motoori Norinaga
attentif aux fleurs
a su passer un peigne à poux
― fines dents serrées pour saisir ―
dans le Genji aux indémêlables nœuds d’amour
tout commence avec les saisons
et les fruits cueillis sur l’arbre
au passage des oiseaux
le noyau reste accroché
dans la bouche
le halo entoure les cerisiers sauvages
petits et touffus
ombre d’un seul nuage.