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Citation de Mayoka


Il y a toujours des interrogations qu’on ne peut pas ouvrir, des hypothèses qu’on ne peut pas formuler. Or, dans la mesure où il s’agit d’occulter l’arbitraire de la fondation des normes, le tabou concerne toujours au premier chef les questions qui sous-tendent leur logique. En particulier, celle qu’il ne faut jamais creuser, c’est celle de la finalité véritable de tel ou tel groupe, de telle ou telle institution. Soit l’interdit fonctionne comme un tabou au sens strict : il est tacitement défendu d’en parler, soit il se met en place au travers d’un discours officiel qui est censé répondre à la question mais joue un rôle de verrou car on ne doit jamais en interroger les contradictions ou les implicites. On rencontre ce phénomène dans toutes les institutions, de la sphère intime à la sphère publique. Pourquoi suis-je en couple ? Pourquoi ai-je voulu des enfants ? Pourquoi ai-je besoin d’amis ? Pourquoi voter ? Pourquoi travailler ? Pourquoi produire telle ou telle chose ? L’élève qui, sur les bancs de l’école, demande pourquoi on apprend cela et pourquoi de cette manière, comprends vite qu’il avance en terrain miné. Il n’est jamais bon de contraindre l’adulte à dévoiler les faiblesses de sa position. Il apprends alors à se satisfaire ( ou pas ! ) de demi-réponses, de « tu verras plus tard », de « c’est trop compliqué et trop long à t’expliquer » et d’impératif moraux : « tu dois faire confiance ». S’il accepte de s’en contenter, il fait là une expérience fondatrice qui se répètera ensuite dans toutes les institutions où il prendra place. Il intériorise une leçon capitale pour s’intégrer dans le tissu social : il ne faut pas trop se demander pourquoi on fait les choses.
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