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Citation de MaraA


MaraA
13 février 2015
En ayant renoncé à la vie, le capitaine soudain commença à vivre. Une grande joie sauvage monta en lui. Cette émotion, qui se produisit d'une façon aussi inattendue que le plongeon du cheval quand il s'était lancé dans sa course folle, était d'une nature que le capitaine n'avait jamais connue. Ses yeux étaient fixes, à demi ouverts, comme dans le délire, mais ils se mettaient à voir comme il n'avait jamais vu. Le monde était un kaléidoscope, et chacune des nombreuses visions qui tourbillonnaient devant lui s'imprimait dans sa conscience avec une netteté brûlante. Sur le sol à demi recouvert par les feuilles, il y avait une petite fleur, d'une blancheur éblouissante, d'une forme délicate. Une pomme de pin rugueuse, le vol d'un oiseau dans le ciel bleu, purifié par la brise, un rayon de soleil coupant d'un dard de feu la demi-obscurité verte - tout cela, le capitaine le voyait comme pour la première fois de sa vie. Il était conscient de la pureté de l'air vif et il sentait la merveille de son propre corps tendu, le miracle du sang, des muscles, des nerfs et des os. Il n'éprouvait plus aucune terreur ; il s'était élevé à ce rare niveau de conscience où les mystiques sentent que la terre est eux et qu'ils sont la terre. Accroché au cheval emballé à la manière d'un crabe, il y avait un rictus de félicité sur sa bouche sanguinolente.
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