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Citation de mamansand72


Cette main , à présent. Plus petite. Le secouant légèrement, pour qu’il ouvre les yeux : c’est sa fille. Il s’est complètement planté avec elle. L’amener ici, lui laisser voir à quel point il est nul.
« Redresse-toi pour manger, dit-elle. C’est du risotto aux champignons. »
Il plisse les yeux pour la regarder dans la faible lumière de la tente. Elle n’a plus rien à voir avec la jeune fille qui l’a ébloui à l’aéroport, tout en noir telle une vampire anarchiste, avec ces affreux pâtés d’eye-liner. La nouvelle Sophie a les cheveux courts, raides, elle les ramène derrière les oreilles, et ses yeux, dépourvus de leur impressionnant camouflage, ne choquent plus par leurs artifices brillants, pleins de défiance. Ce sont maintenant des yeux ordinaires, banals, exposés, qui jugent : de même que ses lèvres gercées, son nez rougi dans un visage affadi par le polo beige qu’elle porte. Sous son regard, pourtant, il se raidit en prenant son assiette. Elle irradie une volonté de fer, incandescente, il la voit briller autour d’elle comme une aura, à croire qu’elle tire sa force de sa faiblesse à lui, qu’elle inspire son air usé, rance, pour expirer un oxygène frais et bleu. Il doit fournir un terrible effort de concentration pour amener la cuillère pleine jusqu’à sa bouche.
« Tu avais mis ça de côté ? » finit-il par demander. Il fait de son mieux pour articuler.
Il n’est pas certain de ce qui peut franchir ses lèvres.
« C’est maman. Pas moi. »
Oui, pense-t-il en avalant. Elle est là par sa faute ; et nourrie grâce à sa mère. »

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