Je suis décidé, je n'ai pas de doute, je voudrais que cette femme m'accompagne. Je pourrais lui offrir une belle vie si la santé est de la partie. Nous pourrions partir à la découverte d'endroits que nous ne connaissons ni l'un ni l'autre, nous offrir le temps du voyage, nous poser quelque part si l'envie nous vient. Prendre tout ce qu'il y aurait à prendre tant que je le pourrai encore.
Avec Marie, qui m'en donnera la force. Car tout seul je ne le ferai pas, tout seul je ne ferai rien. La solitude m'empêche de vivre. Tout juste puis-je survivre.
Grâce à ce divan, nous nous posions dans la réalité de notre présent.
Son ordinateur avait toujours été son premier compagnon de vie. Il ne pouvait s’en séparer que pour ouvrir un bon livre et s’oublier dans une lecture philosophique ou un roman de Gabriel García Márquez.
Le divan rouge est son lit, son endroit "confortable" la "réconfortant". Il est fragile, toutes les marques d'accidents domestiques restent dessus. Il devient l'objet central enregistrant les souvenirs de jour en jour. Cette femme fait corps avec son divan. Son appartement est vide mais la couleur rouge l'illumine et le réchauffe.
L’échec est une faute, il a fallu payer, et payer cher.
« Ne me demandez pas de connaître tous mes amis. Ne me demandez pas la fidélité, on sait bien qu’elle est une promesse hypocrite. Et puis, nous n’avons pas le même âge. Pardon de le dire ainsi, je ne voudrais pas être offensante, mais c’est bien une réalité qu’on ne peut se cacher tous les deux. Je ne supporterai pas la jalousie, celle que pourrait vous inspirer la jeunesse par exemple. Si l’un sent qu’il pourrait faire du mal à l’autre, alors il faudra s’éloigner. Prendre de la distance. Ne pas se faire de mal et reprocher à l’autre ce qu’on refuse de voir chez soi. »
Ce lieu de passage certainement temporaire comme un tremplin de la nouvelle vie de cette femme moderne trouvant enfin sa liberté.
Marianne était une femme de son époque. Maman câlin le matin, manager bulldozer la journée, re-maman caresses tendresse le soir avant le coucher, amante aimante la nuit… Groggy au lever du soleil, épuisée parfois, au bord de la crise de nerfs rarement. Sans oublier cuisinière-hôtesse de grands dîners arrosés et chaleureux, organisatrice de réceptions de famille, de vacances, de voyages, de goûters d’enfants, de baptêmes, d’anniversaires de mariage au cap Ferrat ou à Taormine, et parce qu’il restait encore des cases à remplir, accro modérée du shopping, beaucoup plus du cinéma et des opéras de Mozart. Marianne était comblée, dans une vie débordante, remplie à ras bord, n’ayant que le temps mécanique de courtes pauses pour s’arrêter un peu sur elle et s’interroger le cas échéant. Comme beaucoup de femmes de sa génération, elle avait gardé un air d’adolescente, jeune dans son corps et dans sa tête.