De l'Espagne, personne ne parlait plus. Et quand sa voix d'enfant curieux laissait sortir une question, l'abuelita et les voisines mettaient leurs mains sur sa bouche en guise de bâillon. Maintenant il aimerait savoir. À cause de la vieillesse peut-être, avant qu'il ne soit trop tard. Il n'espère pas retrouver le parfum de sa mère, ni la rudesse piquante de la barbe de son père. Trop de temps passé. Mais peut-être le parfum d'une étoffe, une tombe, un lieu : s'agenouiller, pleurer, remonter jusqu'au bout les méandres de leur vie, pour que la sienne s'apaise enfin.