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Citation de Ledraveur


Notons que la diaspora tibétaine est un phénomène conjoncturel qui a engendré à la fois des « recompositions de communautés religieuses » dans les pays d'accueil et un mouvement de « propagation missionnaire » mené par les lamas tibétains. L'élite de Dharamsala (les principaux religieux et les familles laïques aristocratiques) depuis les années 1970, a déployé une grande stratégie de préservation de la culture tibétaine et de la cause tibétaine qui passe par la promotion du dharma. La multiplication de centres à travers le monde amène R. Liogier à écrire « qu'ils sont des préfectures qui administrent un « territoire médiatique » à l'aide d'un enseignement bouddhiste de masse, d'une aide humanitaire soutenue par l'idéologie de la « cause tibétaine » et des associations humanitaires soutenues par l'intelligentsia locale ». Cependant, tous les centres ne rejoignent pas ce modèle. Les maîtres, qui dès l'exil ont pris des distances avec le gouvernement du Dalaï-Lama, notamment par rapport à sa politique d'unification65 de toutes les lignées, emploieront la même stratégie de promotion active du dharma mais ne relaieront pas l'activité politique du Dalaï-Lama et de son gouvernement. Conserver une autorité, un statut, préserver les enseignements de sa lignée, développer des activités de transmission, enseigner et propager le dharma en créant de nouveaux centres et trouver des mécènes pour financer les différents projets : voici des dispositions fréquentes chez une majorité de maîtres exilés. Il faut regarder de près cette communauté de religieux, souvent composée de maîtres de haut rang et de familles aristocratiques. La quasi-totalité des chefs de lignée parviendront à quitter le Tibet pendant l'année 1959. Suivis des Tibétains les plus fortunés, ainsi que ceux qui vivent à proximité de la frontière, ils auront une action fondamentale dans la sauvegarde, la préservation et la diffusion du dharma. S'interroger sur les conditions qui ont permis à ces maîtres de créer des centres en France, avec l'appui actif de disciples occidentaux, est un objectif préalable pour circonscrire et baliser les fondements de l'implantation des lignées en France. La filiation, tant spirituelle que familiale, est une notion importante pour comprendre comment les fiefs se transmettaient au Tibet et les relations qui existaient entre familles et lignées religieuses. Il importe de comprendre et saisir les continuités et les ruptures, les évolutions et les compromis qui s'opèrent dans l'implantation du bouddhisme tibétain en France. La France est d'ailleurs un pays clé car elle est le lieu d'implantation de plusieurs centres mères européens pour plusieurs lignées et également le lieu de vie de certains maîtres parmi les plus importants que compte la hiérarchie tibétaine.
P. 21
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