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Citation de Ledraveur


Religion : concept ou idéologie ?
Le bouddhisme, largement polymorphe, est couramment présenté par les médias et la littérature grand public, quand il ne s'agit pas d'universitaires, comme une non-religion, une philosophie sans dogme se présentant comme une médecine adaptée à la modernité qui caractérise nos sociétés. En plus de faire vendre, il peut « guérir » les maux des « traumatisés de la modernité occidentale ». Cependant et comme le remarque François Thual, « le bouddhisme n'est pas et n'a jamais été cette réalité mièvre et douceâtre que l'on présente un peu trop facilement en Europe de nos jours 148 ».
Avec le bouddhisme zen, le bouddhisme tibétain(1) est en France le plus pratiqué. Quantifier les bouddhistes d'obédience tibétaine me semble être une entreprise irréalisable, tout comme les bouddhistes de souche française toutes traditions confondues.
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(1) J'ai rencontré des bouddhistes ayant un engagement ancien (datant des années 70) qui ont fréquenté un centre pendant un temps mais qui, après le décès de leur maître, n'en fréquentent plus aucun. Bien sûr, ces personnes sont plus difficiles à rencontrer.
p. 40
Les pays riches sont pourvoyeurs de fonds pour leurs multiples projets. Les enjeux de l'implantation du bouddhisme tibétain sont loin d'être seulement spirituels et religieux car ils mobilisent des intérêts financiers, géopolitiques et idéologiques importants. L'exil des Tibétains ressemble à un défi pour les lignées religieuses et leurs chefs. La Chine ayant détruit leur ancien système féodal, il leur est nécessaire de trouver d'autres moyens de financement, de nouveaux patrons pour leur permettre de survivre, de conserver leur autorité et de propager leur doctrine, même si le système social tibétain ne se transmet pas intégralement en Occident. Au Tibet, à partir du XIIIe siècle, « le couple roi/moine fut fréquemment désigné par l'expression de mchod yon (contraction de mchod gnas, "chapelain" et yon bdag, "donateur"), qui décrit une relation, de type maître à disciple, entre précepteur officiant et donateur ». Cette relation, souvent nommée « patron/prêtre » est importante car elle conditionne nombre de relations qu'établissent les lamas avec les patrons étrangers. Le pouvoir religieux au Tibet a toujours fonctionné avec un pouvoir séculier, une constante dans l'implantation du bouddhisme tibétain en France.
P. Kvaerne écrit : « Au cours de l'histoire, le bouddhisme fut propagé par les Tibétains au sein de divers peuples. Partout où cela eut lieu, le bouddhisme conserva sa forme typiquement tibétaine et ne fut pas assimilé par les cultures locales. » Qu'en est-il pour l'Occident et particulièrement pour la France ? Les autorités tibétaines participent-elles à une acculturation sans limites de leur religion ou au contraire, conservent-elles la forme « typiquement tibétaine » de leur bouddhisme en opérant des modifications et transformations à l'intention des Occidentaux ? J. Snelling notait : « Les écoles bouddhistes traditionnelles ont souvent évolué dans un contexte féodal et continuent souvent à se baser sur des modèles de ce type ». Qu'en est-il en France ?
Le lama est le produit d'une dépendance hiérarchique à son (ses) propre(s) maître(s). Ainsi, plusieurs maîtres sont venus en Occident car ils ont répondu aux requêtes de leur propre maître. « On ne contredit pas le maître » m'ont dit plusieurs lamas. Ainsi, outre les rapports hiérarchiques qui sous-tendent les relations de maître à disciple, il sera question de comprendre ce que véhicule le maître, son rôle dans la diffusion et la transmission de sa religion à travers ses actions concrètes et symboliques ainsi que ce qu'il suscite et engendre. De plus, il sera question d'analyser le maître sous ses dimensions politiques (affaires tibétaines internes ; institutionnalisation du dharma...
p.45
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