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Citation de Ledraveur


Comme le rapportent G. Tucci et W. Heissig, le moment où le bouddhisme a pénétré au Tibet fait l'objet de nombreuses discussions sauf pour les Tibétains, pour qui le problème n'existe pas. La tradition rapporte que le bouddhisme a été introduit par Songsten Gampo, le trente-troisième roi du pays, fondateur de la dynastie pour toutes les écoles bouddhistes. Monté sur le trône en 629, il aurait été influencé par ses deux épouses, une princesse chinoise et une princesse népalaise (les sources de l'époque ne mentionnent que la princesse chinoise). La première aurait apporté la statue de Çakyamuni dans le temple de Ramoché et la seconde aurait amené la statue de d'Akshobya en édifiant le futur Jokhang. Il importa l'écriture et créa l'alphabet tibétain afin de « normaliser le fonctionnement de l'appareil étatique. » et non, comme l'écrivent les auteurs des chroniques ultérieures et les historiens tibétains, dans le but de « traduire les textes bouddhiques ». Effectivement, selon P. Kvaerne, la vraie raison de l'implantation du bouddhisme au Tibet est certainement non-religieuse et a été introduite grâce au patronage royal pour servir à renforcer le pouvoir royal. Les trois rois de Yarlung que sont Songsten Gampo, Thrisong Detsen et Ralpachen seront reconnus rétrospectivement par la littérature tibétaine à partir du XIe siècle, comme les incarnations de Manjushri et Vajrapani. C'est en 842, avec le règne de Langdarma, dépeint par l'historiographie bouddhique comme anti-bouddhique (un démon, dit-on, se serait emparé du roi) que la dynastie s'effondre. La mauvaise réputation de Langdarma serait en partie légendaire. Il cherchait en fait à briser l'influence et le pouvoir des monastères qui n'en finissaient plus de s'agrandir. La persécution qu'il a effectuée du bouddhisme n'était pas religieuse mais politique. Il souhaitait faire face à la puissance grandissante et aux privilèges des monastères, qui, exemptés de taxes et de services, représentaient un réel danger. Le Tibet, à cette époque, peut être qualifié de monarchie de type féodal : les monastères sont des « seigneuries indépendantes » puisqu'ils possèdent des terres et des serfs, pratiquent le commerce et le prêt usuraire et augmentent leurs revenus pour des services commandés par des particuliers, notamment la réalisation de rites particuliers. Après le règne de Langdarma, on parle d' « anarchie » pendant plus de deux siècles qui amène l'éclatement du Tibet en une série de petits États. C'est une période obscure sur laquelle nous possédons peu d'informations, si ce n'est une multitude de luttes intestines entre les grandes familles qui deviennent des « potentats locaux », des « petits seigneurs » qui luttent entre eux. Les maîtres qui introduiront le Vajrayana pendant cette première période royale se révéleront d'une grande importance pour la fondation des futures lignées, comme Padmasambhava.
p. 56 et 57
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