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Citation de Ledraveur


Le Kham, Lhassa et la Chine : l'ère du XIIIe Dalaï-Lama
La Chine, au cours du XIXe siècle, va connaître des révoltes intérieures et les guerres étrangères vont saper l'autorité de l'empereur qui ne sera plus en mesure d'intervenir avec autorité au Tibet. Le XIIIe Dalaï-Lama, né en 1876, va dès lors être confronté aux puissances coloniales, principalement l'Angleterre (qui avait établi son protectorat sur le Sikkim) et la Russie (qui compte de nombreux pratiquants du bouddhisme tibétain) qui vont commencer à s'affronter au sujet du Tibet. L'oracle de Nétchung va répéter à plusieurs reprises que le Dalaï-Lama est en danger, notamment l'année 1900 où il perdit l'appétit(1). Le Dalaï-Lama avait compris qu'il ne pourrait pas se tourner vers la Chine, et, alors que des affrontements éclatèrent à la frontière sikkimaise, il tenta la carte russe avec Dordjieff (lama bouriate proche du Dalaï-Lama ayant étudié au monastère de Drépung) qui se rendit à Saint-Pétersbourg pour une audience avec le tsar Nicolas. Plus tard, Dordjieff se rendra en Occident. Les Britanniques n'apprécièrent pas ce voyage en Russie qui pouvait porter atteinte à leurs intérêts et décident, après quelques tentatives échouées de négociations, de la guerre, et occupent Lhassa en 1904, sous le commandement du colonel F. Younghousband. Le rapprochement entre Calcutta et Pékin qui suivit l'année suivante, principalement dû aux affaires intérieures britanniques, aboutira un traité signé à Pékin en 1906, au terme duquel la Chine va de nouveau affirmer sa suprématie sur le Tibet en le fermant aux étrangers. La Chine interviendra d'abord dans le Kham pour tenter d'en faire une province chinoise. La révolte sera impitoyable (les monastères Guéloug auront comme but avoué d'exterminer tous les Chinois) et gagnera tout le Tibet oriental ou même des missionnaires chrétiens, jugés trop proches des Chinois seront mis à mort. Le commandant chinois Zhao Erfeng, homme d'expérience, est nommé afin de mettre un terme à la révolte. Connu comme le « boucher du Kham », l'armée chinoise écrasa l'armée tibétaine sans trop de difficultés.
Le Dalaï-Lama s'exile pendant cinq ans de 1904 à 1909 et voyage beaucoup en Mongolie. En 1909, il retrouve sa capitale alors même que des mouvements anti-chinois éclatent. Il tente en vain de trouver un appui extérieur pour faire face à la situation mais les grandes puissances décident de ne pas intervenir. Il fuit alors en Inde ou les Britanniques lui ont désigné comme résidence Darjeeling tant que les Chinois occuperont son pays. En Inde, Sir Charles Bell, le responsable des affaires du Sikkim qui parle couramment le tibétain, se charge de lui. Il découvre la géographie et obtient une plus grande connaissance de la politique internationale. Son règne sera celui d'une centralisation aiguë avec une bureaucratie importante.
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(1) Ses bottes (offerte par Sonam Gyalpo) abritaient un mantra destiné à lui causer du tort. Ce dernier lui dit que c'était un présent d'un autre lama de Nyarong, réputé pour ses pouvoirs magiques et qui avait été embauché par Demo, l'ancien régent pour porter atteinte au Dalaï-Lama. Ses biens lui furent confisqués et il fut emprisonné. Cf. M. Kapstein in Les Dalai"-Lamas, op.cit., p. 142.
p. 78
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