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Citation de Ledraveur


C'est à cette époque que le transfert du trésor (labrang) du Dalaï-Lama s'opère en Inde(1).
La présence chinoise au Tibet de 1951 à 1959 se réalise d'abord en accord avec la théocratie tibétaine et le système féodal est inchangé. Les revendications sont avant tout territoriales. Les Chinois ne s'en prennent pas systématiquement aux pratiques religieuses comme ils vont ensuite le faire. Des réformes agraires foncières de type collectivistes ne tardent pas à faire surface. La famine qui en résulte est catastrophique. Fin 1954, le Dalaï-Lama se rend à Pékin, avec le Panchen-lama, ses tuteurs, le XVIe Karmapa et le hiérarque Nyingmapa. Il rencontre Mao pour qui il a une grande sympathie, rencontre qui renforce « sa conviction qu'il pourrait y avoir une relation fructueuse entre le communisme et la voie du Bouddha, l'un pourvoyant aux besoins matériels de la société et le second veillant à ses besoins spirituels ». En 1955, quand il retourne dans son pays, les combats font rage, la résistance et la rébellion aux communistes n'ont pas tardé à se déclencher. La Mimang Tsongdou — « Conseil du Peuple » rassemble religieux et laïcs pour dénoncer les méfaits occasionnés par la présence chinoise. La création à Lhassa, en décembre 1956, du mouvement « Quatre fleuves, six montagnes » par Gompo Tashi Andrugtsang, négociant du Lithang, puis de l'« Armée nationale volontaire de défense » (ANDV) dans le Kham, accueilleront de nombreux combattants - (les chefs des différentes tribus oublient leurs différends et s'unissent) - décider à livrer bataille contre les communistes chinois.
Cette guerre, avec la résistance des Khampa bien analysée et décrite par M. Peissel, dura pendant plus de vingt ans et sera aidée par les Américains (via la CIA), Taïwan (le régime nationaliste réfugié à Taïpei, ennemis d'hier, aujourd'hui alliés) et par la Russie. Les frères Pandagstang y joueront un rôle crucial de Kalimpong (où ils se sont réfugiés) en ayant des contacts avec Taïwan, avec des diplomates américains permettant le transit d'armes. Les deux frères aînés du Dalaï-Lama joueront un rôle important via des contacts permanents avec les nationalistes chinois et des officiels américains. Gyalo Thondup, parti vivre en Inde en 1949 avec sa femme chinoise (fille du général Chu Shi-Kuei du Guomindang), avait pris contact dès 1950 avec Tchang Kaï-Chek. Il se partageait à cette époque entre Darjeeling et Taiwan ou il était en contact avec la CIA. Le second, Thubten Jigmé Norbu, le tülkou Taktser Rinpoché (ancien abbé du monastère de Kumbum dans l'Amdo et ami de H. Harrer), qui avait fui en Inde, fut reçu avec honneur aux États-Unis en 1951 par l'association américaine pour l'Asie libre (inspirée par la CIA pour barrer la route au communisme), puis définitivement accueilli comme réfugié politique à partir d'août 1955.
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(1) M. Peissel note qu'au moment ou les Chinois ont pris Chamdo, le Cabinet tibétain avait fait transporter au Sikkim mille charges de mule (l'équivalent à plus de cinq millions de dollars américains) d'or et d'argent, constituant le « trésor » du Dalaï-Lama, (1972: 197).
p. 82

Note : 229, page 83 - M. Peissel écrit que la politique de non-violence du Dalaï-Lama a condamné « ceux qui se battaient pour sa propre religion et pour tout ce que lui-même représentait » (1972:119). J. Ardley souligne que la guérilla se battait au nom du bouddhisme, permettant au Dalaï-Lama de se réfugier en Inde. Un des noms du mouvement de la guérilla : « The Volunteer Army to Defend Buddhism » (2000).
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