AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Ledraveur


Conclusion
Confiance, dévotion, respect, fascination et adulation sont autant d'attitudes et de sentiments qui caractérisent les relations des disciples avec leur maître. Comme nous avons pu le voir, la connotation parentale est toujours prégnante. V. Saroglou souligne que dans n'importe quelle religion, la paternité qu'assume un père spirituel structure le psychisme de ses disciples. Il s'interroge sur les apports pour la santé mentale d'une expérience religieuse passant par une relation au maître, à un père spirituel. Il souhaite pour cela, dans le cadre d'une psychologie clinique de la religion, discerner ce qui ressort de la structure et ce qui est de l'ordre de l'idéalisation du père imaginaire. En tant que relation intime touchant au plus près de l'intériorité de chacun, elle se vit différemment selon chaque disciple rencontré mais ses formes et ses manifestations extérieures sont pour autant perceptibles et susceptibles d'être analysées.
Les excès et abus de pouvoirs (psychologiques, physiques, moraux, financiers) perpétrés par certains maîtres en position d'autorité sont aujourd'hui dénoncés et contestés. Le pouvoir, écrit G. Balandier, « résulte du jeu des différences, de leur symbolisation et de leur manifestation spectaculaire. Le pouvoir sépare, isole, enferme ; c'est bien connu. Surtout, il change celui qui y accède ». Daniel Odier, ancien disciple de Kalou Rinpoché, dans un entretien à propos de son livre Le Grand Sommeil des Éveillés* dans lequel il déconstruit la notion de « maître spirituel » en évoquant les dérives et les abus qui contribuent à enfermer les gens plutôt qu'a les éveillés, déclare ceci à propos de l'idéalisation du « maître » :
« Idéaliser les "maîtres" nous interdit toute prise de conscience. Ne pas voir que les "éveillés" peuvent être des êtres qui connaissent encore le trouble, l'hésitation, l'absence au corps, la crainte des émotions, c'est se couper de toute chance d'atteindre une authentique présence au monde, la liberté, la fluidité. »
Dans son ouvrage à la fois pamphlétaire et enseignement du « Mahachinachara » (« Grande Voie Chinoise ») Cœur du Tantra et du Chan, D. Odier, tour à tour provocateur, incisif, pointe le doigt sur des problèmes et malentendus d'actualité pour ce qui concerne le bouddhisme tibétain, mais bien d'autres traditions religieuses encore.
« Quelle différence entre les abus spirituels et ceux dont nous sommes victimes dans la vie courante, me diriez-vous ? Dans les deux cas, tout est fait pour créer la dépendance, contrôlé, vendre. La seule différence, c'est que nous n'attendons pas d'un fonctionnaire qui nous complique la vie qu'il se comporte autrement, alors que nous projetons sur les maîtres spirituels un rêve de perfection qui finit par étouffer les plus authentiques. Pris au piège de l'admiration sans nuance de leurs disciples, ils se réfugient derrière l'institution de la « sainte folie », qui reconnaît aux maîtres le droit à la folie authentique et leur offre l'assemblée des disciples en guise de camisole de force ; ils deviennent alcooliques, pédophiles, violents, mythomanes, délirants ou sombrent dans la mélancolie de n'avoir pu éveiller quiconque à la conscience absolue, au point de se demander s'ils ont bien compris de quoi il s'agissait »
Parmi ses critiques tranchantes, l'auteur souligne la présence d'un certain nombre de « petits pères relativement honnêtes qui distillent un enseignement ennuyeux, formaliste, sexiste, traditionnel, vaguement créatif, où les oripeaux des grands courants mystiques sont reformatés à l'usage de contemporains. À l'instar du Prozac, ils aident leurs adeptes à ne pas sauter par la fenêtre et à se bercer dans la douce illusion, qu'ils suivent une voie spirituelle authentique ».
---
* http://www.babelio.com/livres/Odier-Le-grand-sommeil-des-eveilles/134652
Commenter  J’apprécie          00









{* *}