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Citation de Ledraveur


Fustiger les traditions et les maîtres inauthentiques semble être à la mode aujourd'hui. Mais comment peut-on juger d'une tradition si elle est authentique ou non ? Comment juger si un maître bouddhiste d'obédience tibétaine est authentique ou non ? Selon quels critères si ce n'est des critères provenant de la légitimité même de la tradition ? Certains avanceront qu'il faut faire l'expérience (corps et âme) de ce qu'est un maître authentique. Mais comment être sûr de ne pas se tromper ? L'engagement, l'allégeance fondamentale à un maître peut-elle permettre une prise de recul et un regard qui objective sa propre subjectivité ?
Les textes font la différence entre plusieurs types de maîtres et mettent en garde le disciple contre les maîtres qu'il faut rejeter. Il y a ceux comparés à une « meule de bois » qui :
« ne possèdent pas la moindre des qualités qu'apportent l'étude, la réflexion ou la méditation, mais en tant que fils ou neveux de tel ou tel lama ils croient qu'eux et leur descendance sont supérieurs aux autres et défendent leur caste comme des brahmanes. Ou bien, ils ont un peu étudié, réfléchi et médité, mais c'est par peur de voir décliner leur lamaserie ou autre demeure qu'ils occupent, et non avec l'intention parfaitement pure d’œuvrer “pour leurs vies futures”. Ces maîtres que préoccupent uniquement les choses de cette vie sont comparés à une meule de bois, car ils sont incapables de dompter la nature de leurs disciples » ;
Ceux qui ressemblent à la « grenouille du puits » :
« Bien qu'ils soient dépourvus de toute qualité les distinguant des êtres ordinaires, les gens, avec une foi stupide, les élèvent sans examen sur un piédestal. L'esprit gonflé d'orgueil par le gain et les honneurs, ils ne remarquent pas les qualités des êtres sublimes et ressemblent à la grenouille qui vivait dans un puits ».
Les « guides insensés » dont les :
« Connaissances sont maigres, parce qu'ils ne restent pas auprès des maîtres érudits et ne font pas l'effort d'étudier les soutras et les tantra. Leurs vœux et samayas sont relâchés, car leurs émotions négatives sont grossières et que souvenir et vigilance leur font défaut. Bien qu'ils soient par nature plus vils que les êtres ordinaires, ils se conduisent de manière grandiose en pastichant les siddhas. Colérique et jaloux, ils brisent la chaîne de l'amour et de la compassion. De tels individus sont qualifiés de guides insensés qui entraînent les autres sur de mauvais chemins » ;
Et enfin, les « guides aveugles » :
« Ceux qui, en particulier, n'ont pas une seule qualité qui dépasse les nôtres, et chez qui l'amour et la compassion de l'esprit d'Éveil font défaut. Ceux-là ne savent pas nous ouvrir les yeux sur ce qu'il faut faire ou ne pas faire*. »
Parmi tous les fidèles rencontrés (toutes écoles confondues), ces derniers étaient convaincus de l'authenticité de leur maître, qu'il s'agisse d'un lama français ou d'un lama tibétain. Par contre et à de nombreuses reprises, ces mêmes fidèles ne faisaient pas l'économie de critiques visant d'autres maîtres. Un maître inauthentique pour certains est authentique pour d'autres. Par définition, tous les maîtres sont donc authentiques et inauthentiques à la fois : tout dépend de la foi, de la dévotion et d'une perception subjective mais pas seulement, il faut prendre en compte les motifs et les signes d'allégeances, les codes culturels et les facteurs institutionnels qui viennent légitimer un maître comme tel.
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* Patrul Rinpoché, "Le chemin de la Grande Perfection", op.cit., p. 148 éd. Padmakara © 1987
p. 443 et 44
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