Pour Rousseau comme pour les décroissants, l'excès de production marchande constitue un indice du malheur des individus. Les richesses matérielles, généralement accumulées en proportion inverse de la richesse intérieure, conduisent à une impossibilité de jouir véritablement de l'existence. Comme Rousseau l'écrit dans l'Émile, «l'homme de goût et vraiment voluptueux n'a que faire de richesses ». Non seulement le plaisir véritable ne peut pas naître d'un excès de richesses matérielles, mais surtout celui-ci, en engendrant un bonheur illusoire, peut devenir réellement frustrant : «Gens à coffres-forts, cherchez donc quelque autre emploi de votre opulence, car pour le plaisir elle n'est bonne à rien. »
Quoique n'ayant pu véritablement anticiper l'ampleur des ravages écologiques et sociaux de la future société industrielle, il en pressentit tout de même certains éléments, à commencer par le lien de causalité entre l'accroissement de la production de biens inutiles et la destruction du lien social.