Josyane doit prononcer sa communication lors du Fam, le Festival des arts minorés, organisé à l’université de Montréal du 7 au 13 mars, qui mêle graff, slam, peinture sur sable et littérature. Le public sera donc plus varié que celui des colloques universitaires. Outre des gent.e.s engagé.e.s dans la vie de la cité.e, qui veulent réhabiliter le matrimoine occulté pendant les siècles d’obscurantisme qui ont précédé notre âge d’or, il y aura des célébrités comme Tranzz, artiste-peintre fameuse pour ses séries Periods peintes avec ses menstrues.
La vague Me Too a eu des répercussions certaines sur la situation littéraire des églogistes de la fin du XVIIe siècle. Saisissant l’occasion par les cheveux, Josyane a eu la présence d’esprit de renommer son cours « La pastorale au XVIIe siècle : des poétesses en luttes ». L’effectif a doublé : les étudiants qui reconnaissent volontiers qu’ils n’aiment guère la littérature se réjouissent d’étudier des auteur.e.s qui mènent le bon combat, même s’ils ne lisent pas les œuvres au programme.
Mais revenons à nos moutons, pense Josyane aussitôt éblouie par cette saillie drolatique. Mme Taupin-Miflu ne goûte guère l’humour, une violence symbolique qui s’exerce surtout aux dépens des minorités. Néanmoins après avoir bien vérifié que cette phrase n’était pour aucune des cent cinquante minorités dûment offensables, elle décide de la conserver afin de mêler le plaisant au sévère au cours de son intervention.
[E]lle trouve la notion de chef-d’œuvre à la fois stigmatisante et inhibante. Les jeunes générations elles-mêmes le disent. « Balzac, Zola, ces trucs trop chiants qu’on nous force à lire, ça vaut pas Guillaume Musso », a déclaré un jour une de ses étudiantes pendant un cours collaboratif lors de l’expérience d’autogestion du département Lettres, sciences humaines, développement personnel il y a deux mois. Preuve s’il en était besoin que tous ces livres jadis encensés ne parlent plus aux jeunes générations et qu’il est urgent de déboulonner les idoles. Rien ne fatigue comme un chef-d’œuvre, et rien ne lasse comme le génie. Il n’est pas loin le jour où Antoinette Deshoulières éclipsera Racine.
Si tout le monde tient pour quantité négligeable la pastorale au XVIIe siècle et son édition critique des églogues des salons du Marais, c’est que ce genre fait peur à des instances en place. Ces écrivaines dérangeaient, et on s’est empressé de cacher cet élan créatif derrière des La Fontaine, des Molière, des ambitieux, des stipendiés, en un mot, des hommes. Mais cela bientôt va cesser.
A propos de Heinrich von Kleist : "Certes c’était un homme et il paraissait cisgenre, mais par bonheur il s’était suicidé."
Mme Marette n’aimait pas sa fille Françoise. Hormis cela, c’était une excellente mère.
Son étude la plus éclairante, Marguerite Duras et la transe des chamanes hurons, a fait grand bruit.