le premier automne…
le premier automne, j’ai creusé trente trous pour planter les arbres de mon verger
après avoir décollé la couche d’herbe en la sarclant, je me saisis de la bêche et commence à retirer des mottes compactes. Je les arrache au sol et les rabats avec vitesse pour qu’elles se rompent, à côté du trou où elles retourneront lorsque j’aurai fini de les travailler et de les amender
l’essoufflement vient vite mais la colère perdure : elle se nourrit de cette profondeur qui s’offre au regard, de ces scarabées noirs et luisants interrompus dans leur songe qui accomplissent des gestes lents et inutiles, sans parler des larves grasses ni de cette molle ondulation qui les pousse en avant
tu constates qu’un lombric digère la terre qu’il traverse
toi, tu creuses jusqu’à ne plus pouvoir tenir debout
et tu n’épuises rien