AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Cédric Le Penven (35)


 
 
et te voilà
à quelques mois d'être père
arpentant les heures et les territoires

recherchant les insectes, les oiseaux, les herbes
à nommer pour qu'il sache

que le monde entier réclame son nom
qu'il faut savoir distinguer l'orchidée bécasse
de l'orchidée abeille

que les méandres et les gorges couchent ensemble
pour que nous puissions dormir sur des berges
souples et attendre la touche

qu'il n'est pas de vert émeraude plus
beau intense que celui des tanches

que le mois d'avril vient d'aperire
et qu'il voie que les bourgeons
obéissent à leur étymologie
Commenter  J’apprécie          860
Cédric Le Penven
 
 
ce qui résiste

je cogne contre
cogne contre
cogne

contre ce qui résiste
le silence l'amour  un regard
mais pas la peine
d'aller si loin
une main un jour d'hiver
ordinaire, pâle et sale
chemins boueux, herbe brunie
par le gel et les bruits de muqueuses
du sol sous nos pas

suffisent
Commenter  J’apprécie          660
 
 
être là

ce matin devant la fenêtre

l’œil nouant / dénouant l’entrelacement
d’une clôture à vaches

j’ai la conviction d’appartenir
à la moindre inflexion
Commenter  J’apprécie          650
un homme marche dans un verger…


un homme marche dans un verger

une source lente et brûlante gagne son visage

ses yeux s’emplissent de larmes, le vert des ramures se trouble

se mêle au bleu, à la fraîcheur de ce matin de mai

les chants d’oiseaux lui parviennent avec une telle acuité
qu’il recule de quelques pas pour se dérober aux mélodies
qui le percent

les artichauts poussent leurs têtes couronnées, le groseillier
ravit son fils chaque soir au retour de la crèche

quelques cerises même, avaient pu échapper au gel. Elles
se révèlent au regard et à la bouche grâce au rouge qui les
empourpre

ce bonheur trop soudain navre celui qui ne supporte plus son
propre regard

le rappelle à ces mois passés gorge obstruée, boule au ventre

cœur qui bave à la poupe
Commenter  J’apprécie          370
 
 
Ne penser qu’à la lumière

d’écrire
et vivre     un chemin
dans les herbes

de n’être rien
sans l’oiseau


d’aimer
Commenter  J’apprécie          360
un peuple nu fait mine de dormir…


un peuple nu fait mine de dormir

dans le brouillard le faisceau d’une lampe de poche

cherche la chienne qui s’est enfuie

(elle poursuit le chat venu éventrer les poubelles cette nuit)

de loin, je dois ressembler à un phare embarqué sur un bateau
qui ne sait plus où est la côte, où est le large

dans quelques jours la nuit cessera, enfin, de gagner sur le jour

elle est si profonde ce matin que je ne crois plus en l’aube

c’est ainsi que l’hiver passe le mieux

l’atrabilaire s’exprime au-dessus d’un évier propre
Commenter  J’apprécie          340
Comment se fait-il…


Comment se fait-il les livres aussi nous abandonnent
je croyais que chaque page tournée
m’avait rapproché de la transparence des eaux d’hiver
dérivant des heures entières entre la bibliothèque
et le jardin, le dialogue entre les encres et la terre
lourde, amoureuse disent les paysans
aurait dû affiner mon palais, assurer une prise sûre
Je devrais savoir poser la paume
sur le front d’une enfant qui peine à s’endormir
Commenter  J’apprécie          270
le premier automne…


le premier automne, j’ai creusé trente trous pour planter les arbres de mon verger

après avoir décollé la couche d’herbe en la sarclant, je me saisis de la bêche et commence à retirer des mottes compactes. Je les arrache au sol et les rabats avec vitesse pour qu’elles se rompent, à côté du trou où elles retourneront lorsque j’aurai fini de les travailler et de les amender

l’essoufflement vient vite mais la colère perdure : elle se nourrit de cette profondeur qui s’offre au regard, de ces scarabées noirs et luisants interrompus dans leur songe qui accomplissent des gestes lents et inutiles, sans parler des larves grasses ni de cette molle ondulation qui les pousse en avant

tu constates qu’un lombric digère la terre qu’il traverse

toi, tu creuses jusqu’à ne plus pouvoir tenir debout

et tu n’épuises rien
Commenter  J’apprécie          270
j'attends depuis dix jours…


j'attends depuis dix jours que les greffes prennent
ces élastiques, ce mastic, ces greffons préparés avec soin
me semblent un bricolage ridicule ce matin
Prométhée et Sisyphe ont été punis pour moins que ça
je mérite cette étrangeté qui me poursuit depuis plusieurs
mois. Je vais dans des librairies, des classes, j'explique
que mon dernier livre m'a réconcilié avec moi-même
et les inflexions de cette voix arborant sa quiétude ne
me ressemblent pas
Commenter  J’apprécie          230
 
 
L’auge emplie de chaux
le chemin de planches
les pierres
rien ne m’écarte du soleil
ni le plein    ni le vide
dans ce peu de fraîcheur  que je trouve
de poser les seaux
de les remplir
Commenter  J’apprécie          100
Le Drap déplié


Je n’ai construit avec le feu
aucun abri
que d’être passé
que d’être seul
avec le bois ramassé
qui brûle
entre mes mains.
Commenter  J’apprécie          80
Le Drap déplié


Le jour dans ma paume
éclairée d’oiseaux
approfondie dans un couvent de branches
par le pain
l’aile en prière sur la bouche
de qui n’est plus rien
qu’un souffle
Commenter  J’apprécie          80
 
 
Je dois    sur le madrier
me tenir
toucher le livre       à vide
comme si ma main
en bas remontait
avec la corde
avec tout le poids
d’un mot
inaudible
Commenter  J’apprécie          70
J’entre dans le jour…


J’entre dans le jour comme dans un
bain de mer un lit défait les vergers en juin
huit heures d’absence dans les arbres

À cueillir des fruits bien au-delà de
ma faim à répéter des gestes
libres de ne pas comprendre

Je quitte le jour comme un
vêtement trop lourd tombe aux chevilles
la nudité vous dis-je
Commenter  J’apprécie          40
J’ai entendu dire…


J’ai entendu dire que les dominicains portaient des chemises
de crin pour irriter leur torse et faire pénitence. Ils dorment
sur des plaies et espèrent qu’elles deviendront monnaie à
échanger pour gagner les territoires de la sagesse. Moi, la
nuit, j’enfonce des aiguilles à l’arrière de la gorge, pour que
la parole soit fille de pauvreté, et difficile.
Commenter  J’apprécie          40
 
 
De chaque pierre
à tailler
j’extrais le mur
son aveuglement
à chaque pas
jusqu’au soir.
Commenter  J’apprécie          40
Le Drap déplié


J’écris dans cette chambre
comme si tu écoutais
ma main
un village
derrière le mur
Commenter  J’apprécie          30
c’est toujours cette tentation, ce réflexe, d’ajouter des feuilles pour faire un peu d’ombre à nos certitudes 
Commenter  J’apprécie          20
dans ce geste de cueillir, je trouve de quoi penser et mourir des heures entières 
Commenter  J’apprécie          20
Non.Je refuse de me laisser contaminer par le venin de cet enfant blessé amoureux de sa blessure.

Grandir , c'est peut-être cesser de croire qu'une douleur nous ressemble plus qu ´un sourire .

Une blessure est un sol trop fertile.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Cédric Le Penven (17)Voir plus


{* *} .._..