Citations de Céline Staskiewicz (23)
C'est cette hétérogénéité dans son jeu d'actrice qui lui permet sans doute de survivre au sein d'une industrie souvent présentée comme anthropophage avec ses acteurs.
Indomptable, l'actrice est loin de cette image d'actrice blonde sans jugeote, de cette statue de marbre sans parole, de ce double sans identité propre.
L'érotisme serait donc moins un art de jouir qu'un art de désirer : il faut différer le plaisir plutôt que d'y aller par le plus court chemin.
Scarlett Johansson. On entend la fascination. Celle des réalisateurs. La vôtre. La mienne. La nôtre donc. Fascination face à cet être constamment amputé de ses parties mais qui reste capable d'incarner un tout. Le corps et la voix. La chair et l'esprit. Under the skin et Her.
Scarlett Johansson. On entend déjà la star à l'intérieur de ce patronyme. Quelques lettres apposées simplement les unes aux autres et qui veulent pourtant tout dire. Une combinaison parfaite de syllabes lascives, qui rejoindront les combinaisons de cuir ou de peau pixélisées qu'elle portera au plus près d'elle devant nos yeux beaucoup trop éloignés.
Le blond fait partie de l'ADN du cinéma.
La star est immortelle en tant qu'elle conjugue l'humain et le divin, les héros et les dieux de l'Olympe, tout en suscitant un mythe, un culte qui joint la croyance et le divertissement.
Elle est cette star dont il semble difficile d'enfermer l'éclat de ses rayons lumineux.
Une peau pâle; un sourire asymétrique : on ne sait pas très bien si elle essaie de nous séduire ou si elle se moque de nous; et cette voix descendant redoutablement dans les graves.
Les créatures mythologiques ont souvent plusieurs visages, Scarlett johansson possède ainsi une hybridité digne des gorgones, ces êtres fantastiques malfaisants dont le regard a le pouvoir de pétrifier les imprudents qui osent les regarder dans les yeux.
Libre, rebelle et indépendante, Scarlett Johansson ne trouve sa pleine mesure que dans les films qui exploitent sa modernité à la lisière du futurisme.
Effaçant sa voix (le respect dû aux maîtres) et ses courbes (au regard des convenances) pour incarner une humble, chaste et silencieuse domestique, Scarlett Johansson réussit pourtant à électriser chaque plan par la pâleur de sa peau, l'expressivité de ses yeux et l'insolence de sa bouche pulpeuse.
La passion entre les deux personnages restera inexprimée, ce qui entretiendra la tension érotique à l'intérieur même du film durant toute sa durée (mains frôlées, oreille percée et jeux de regards).
Femme-objet par excellence, emprisonnée dans un carcan de convenances, elle parvient tout de même à superposer ses traits à ceux du modèle original, hybridation de la pin-up des années 50 pour ses courbes et du modèle vermeerien pour le mystère de son visage inexpressif, et à dessiner progressivement l'ébauche de sa persona cinématographique d'idéal féminin.
Face à Scarlett Johansson, les hommes semblent hypnotisés par cette mélancolie mêlée à tant de sensualité.
Scarlett Johansson nous fait voir un cinéma de toutes les couleurs grâce à sa chevelure : à la fois brune, rousse ou même rose le temps d'une scène de karaoké inoubliable.
Scarlett Johansson est une star, une étoile dont l'étincelle brille encore grâce à notre persistance rétinienne alors qu'elle-même a déjà disparu de l'image.
Scarlett Johansson. On entend les courbes serpentines des lettres qui se répercuteront sur les courbes de son corps. Un nom quasiment performatif.
Scarlett, déité pulpeuse à la voix de sirène, n'est ni un simple corps ni une simple voix : elle est devenue un mythe à part entière, l'égérie contemporaine et hollywoodienne à l'érotisme intégral.
Reste une certitude : Scarlett Johansson fait partie de ces quelques rares stars dont les capacités de jeu et la persona à l'écran sont si puissantes qu'elles incarnent et définissent l'essence même de chacun de ses films.