Les vingt premières années de la déjà très belle carrière de Scarlett Johanson, présentées par
Céline Staskiewicz autour de trois thématiques : la création du mythe avec
Woody Allen, l'utilisation du mythe par Scarlett, le désir de destruction du mythe avec Her et Under the skin.
Dans ces trois aspects, est superbement démontrée la puissance érotique du corps de Scarlett, sa valorisation dans les trois films de
Woody Allen : Match point, Scoop et le magnifique Vicky Cristina Barcelona. Sont examinés les différentes premières apparitions de l'actrice pour chacun de ces films, le travail du réalisateur qui joue avec ses formes et la laisse pareillement en jouer.
Mais déjà, dans Lost in translation,
Sofia Coppola avait présenté la sensualité de Scarlett, jusque dans sa chevelure, et
Céline Staskiewicz ne manque pas de s'attarder sur cet aspect.
J'ai beaucoup apprécié la partie sur
Woody Allen que Scarlett n'a jamais lâché. En même temps que l'éveil des talents de l'actrice, sont détaillées les réalisations du cinéaste avec d'autres actrices, et bien sûr évoquées des analogies avec les prestations de Scarlett.
Woody Allen a incontestablement su valoriser toute la puissance des attitudes de Scarlett, utilisant autant ses formes que les sonorités graves de sa voix, vraiment unique dans le septième art.
Bien d'autres films sont commentés dans ce livre avec un clin d'oeil à la jeune adolescente et le murmure des chevaux, ainsi que la pudique mais tout autant érotique jeune fille à la perle. La dernière fois que j'ai admiré le tableau de Vermeer à La Haye, j'y ai presque saisi le regard de Scarlett, alors que c'est elle qui, bien dirigée, a restitué cette lèvre brillante sous la bouche entrouverte et ce regard égaré chargé d'une sensualité diffuse.
D'après
Céline Staskiewicz, c'est le regard des hommes qui a construit la charge érotique de
Scarlett Johansson, les réalisateurs et elle- même s'étant appliqués à la développer au gré des films, jusqu'à cette fameuse destruction du mythe qui la rend néanmoins immortelle.
La qualité du jeu de Scarlett est naturellement louée au fil de ces pages car elle parvient indiscutablement à une telle présence, à de telles interprétations extraordinaires que le talent, sans éclipser le corps et la voix sublime, les rend encore plus évidents, explosant les écrans, même lorsque seule la voix est présente.
Le livre est agrémenté de nombreuses photos de plans des différents films permettant d'en visualiser la construction et atténuant le côté technique de certaines analyses.
Cette lecture m'a donné envie de revoir la plupart des films et, surtout, de visionner ceux qui m'ont échappé; nul doute que j'observerai Scarlett avec un oeil différent, affûté par les commentaires pertinents de
Céline Staskiewicz.