Charles-André Gilis

"Quand je parle de la métaphysique, je pense surtout à la réalisation."



René Guénon simple interprète s’efface autant que possible devant les idées qu’il expose et la fonction qu’il représente se définissant uniquement comme un serviteur de la révélation.



L’essence même dont il a reçu le don et non comme le produit d’une spéculation individuelle.



Une sorte de prophète même s’il refuse ce statut voyant par lui-même se définissant comme un annonciateur, un avertisseur témoin de la vérité unique et universelle.



L’être qui contemple, un prédicateur envoyé vers ses créatures, s’adressant à elles en privilégiant leurs constitutions intérieures refusant tout modernisme.



Une approche impersonnelle, d’origine divine, transmise par l'illumination en dehors des voies régulières et habituelles de l’initiation.



Possédant déjà en lui les degrés de la voie comme étant une réminiscence Platonicienne.



Des rites et des symboles toujours détenus de manière intemporelle.



Un don divin, une abondance d’idées conférées à un esprit de façon immédiate sans considération d’un mérite individuel quelconque.



Adepte des trois formes principales du monde traditionnel actuel, représentant le moyen Orient, l’extrême Orient et le proche Orient.



L’Hindouisme, le Taôisme, et l’Islam les voyant comme les différents aspects du roi du monde.

Une bien plaisante étude, d'une perspective "guénonienne", sur le nom divin d'al Haqq, qui signifie autant "Vérité" que "Droit" ou plutôt "Justice" : dans cet élan, l'Islâm prend un rôle substantiel comme dernière forme parfaite de la Tradition primordiale, amenée à clôturer le cycle présent et, d'un point de vue plus "intérieur", al Haqq dénote aussi que l'Essence pure est par définition dans un degré de manifestation polaire.

Malgré le titre, Charles-André Gilis (Abd ar-Razzâq Yahya) ne nous expose bien évidemment pas un squelette purement légal de l'option califale mais, en guénonien fidèle et musulman orthodoxe, délivre d'abord son architecture métaphysique : nous avons d'excellentes considérations de cet ordre, sur l'Essence pure et sa polarisation en wujûd (Existence) "active" et mashî'a (Volonté principielle) "passive", et comment le calife doit "accomplir" le degré de l'Homme universel pour représenter l'interaction dialectique macrocosmique ; en ce sens, "le califat apparaît ainsi plus spécialement comme la réalisation intégrale de la Volonté divine" (p. 51).