II
30
Quand j’ai atteint le parc, le brouillard
était devenu si épais
que je ne voyais plus les maisons de l’autre côté.
Je n’avais rencontré personne
depuis que j’avais quitté les rues.
Je ne voyais qu’à quelques pas devant moi dans le brouillard :
le chemin de cendres sous mes pas,
la clôture de gros fil de fer,
les pierres grises dessous qui traçaient la limite du réservoir.
Soudain, une sirène a retenti,
plus puissante et plus aiguë à mesure qu’elle s’approchait,
mais je ne pouvais pas dire si c’était une voiture de police
ou une ambulance ;
là, elle était de ce côté-ci
et là de l’autre,
toujours plus forte dans le brouillard –
et puis aussi brusquement qu’elle avait retenti,
elle s’est tue
Ensuite une petite cloche s’est mise à sonner,
tout près.
Je me suis dit que c’était une borne de police.
Elle a sonné sans arrêt pendant un moment
et puis, là encore, elle s’est tue.
J’ai continué ma route sans entendre personne, sans rencontrer personne
tendu comme un animal sauvage en cage.
(...)
/ traduit de l’anglais (États-Unis) par André Markowicz,