26 juin, en bas des marches, 14 heures
Je suis prête. Assise sur la dernière marche de l’escalier en colimaçon, mes bagages à mes pieds, j’attends Victor.
Ce matin, avant de partir au travail, ma mère m’a souhaité de bonnes vacances. Hier soir, au téléphone, mon père a fait de même. Ces deux-là ne savent rien de leur fille unique. Rien du tout. Depuis longtemps, je me débrouille très bien toute seule.
C’est drôle... Jusqu’à maintenant, je n’ai jamais pensé écrire. Pendant l’hiver, j’ai commencé à photographier ce qui est fragile et peut disparaître n’importe quand. Mais écrire ? Non, jamais je n’y avais pensé.
Pourtant, la semaine dernière, j’ai acheté ce carnet à la couverture cartonnée rouge et noir. Un carnet chinois. Tout à l’heure, quand je faisais mes bagages, il m’est tombé dans les mains. J’ai glissé, entre ses pages, les polaroïds de la forêt de glace et la vieille photo fripée, la plus ancienne de toutes.