Charlotte Jousseaume, Quatuor mystique .
Charlotte Jousseaume présente son livre Quatuor mystique http://www.laprocure.com/quatuor-mystique-charlotte-jousseaume/9782204117142.html
Et voilà que je longe une haie de peupliers, et que je m’émerveille des feuilles de leurs branches basses qui frémissent dans le vent ! Dans le calendrier astrologlque celtique, je suis du signe du peuplier : un arbre qui croît vite car il sait s’adapter, profitant de toute situation pour apprendre et grandir en croissance. Ce qui m'impressionne, c’est la maturité de leurs troncs élancés, jointe à la jeunesse de leurs feuilles. Ces peupliers semblent me dire que je peux m'appuyer à la fois sur plus vieux et plus jeune que moi. Le cœur non refermé sur eux-mêmes, comme le sont beaucoup d'hommes et de femmes, ils m'invitent à ouvrir le mien. Je dois beaucoup aux arbres, qui se tournent vers la lumière, par leurs feuilles douces et tendres. Marcher et m’asseoir au pied des arbres m’ont enseigné leur longue, patiente, aimante et reconnaissante écoute de l'univers. Cheminant aujourd'hui d’un pas mur vers mon château intérieur, je sais que je leur dois d’avoir appris par cœur, et non de tête, l'alternance jour et de la nuit, ainsi que les changements de saison.
Il y a tant d'ouï-dire sur la mort, qui est et restera toujours un mystère pour les vivants ne connaissant que le sommeil de leurs nuits calmes ou agitées. Tout ce que je sais, c'est que, quand la porte s’ouvre, passent le souffle de la mort, mais aussi une lumière vive, et surtout une loyauté d'amour éternel. Tant de choses se vivent sur un lit de mort, à l'heure du trépas, pour celui qui meurt, comme pour ceux qui l’accompagnent. Je regrette tant de voir notre monde endormir les agonisants et les empêcher de vivre, pleinement éveillés, leurs dernières heures, minutes et secondes de vie. Comment dire au monde que quand la mort m'a ouvert ses bras, la vie m’a guérie et aimée au-delà de tout ? La langue et les mots nous manquent pour nommer l'essence de ce qui se vit au seuil de ce passage.
C'est le vent de mer qui m'attend, en ce jour, le long des falaises entre Saint-Aubin-sur-Mer et Veules les-Roses. Ce vent que je suis venue chercher, dans ce pays de Caux, pour balayer et mettre en déroute les moutons du nid à poussière de ma table de travail qui mettaient mon écriture en sommeil. Oui, prendre un bain de vent, après le bain de forêt d'hier, et avant le bain de mer de demain. Prendre un bain de vent, non seulement pour purifier ma peau, mais aussi pour l'envelopper d'un voile de prière et tailler, ainsi, ma plume d’écriture. N'est-ce pas en me confiant au souffle du vent de cette côte d Albâtre - et par lui, avec lui et en lui, à cet Esprit qui souffle où il veut ~ que j'ai pu me délier de la mort, et en revenir pleinement vivante ?
Dieu était le Loin-Près. Il était Celui qui se fait le plus proche à mesure qu’il s’éloigne et Celui qui s’éloigne a mesure qu’il se fait plus proche. Celui qui se fait passage dans le dépassement. Celui que ne se laisse prendre que dans la déprise .
« Dieu est le vide qui respire et qui souffles entre les lettres. Il ne les lie pas à jamais mais il les délie à l’infini. Il les laisse jouer et se combiner au hasard pour éveiller les sens et renouveler le sens »
Seuls les âmes qui s’ouvrent à la lumière pour oublier tout aussitôt se rapproche de Dieu.
Il n'y a rien à dire, mais un animal, une plante et même une pierre ont une acuité et une présence à la Terre, à côté desquelles l'homme et son monde font peut-être pâle figure.