On croisait beaucoup de ces vétérans qui avaient perdu un peu la boule. Des hommes qui n’avaient pas réussi à reprendre le cours d’une vie normale, qui souffraient des séquelles de blessures physiques ou psychologiques, et qui ne recevaient pas de l’Allemagne du miracle économique la reconnaissance dont ils auraient eu besoin pour surmonter leur traumatisme. On leur donnait de l’argent, alors qu’ils avaient surtout besoin d’être écoutés. Mais personne ne voulait plus entendre leurs histoires. Tout cela, c’était du passé et il fallait affronter l’avenir. Hanna le savait bien. Depuis qu’il avait servi dans les sous-marins, son fils était victime de graves délires et vivait dans une maison de santé.
Prologue. Septembre 1957