Charly Reinhardt

« — Je… (Elle fronce les sourcils). Je ne me souviens pas bien. Ma boutique ? Quelle boutique ? Et toi, qui es-tu ?
Oh oh…
Shana écarquille les yeux en comprenant qu’Ambre n’est pas en train de lui jouer un de ses tours de fée. Elle n’a réellement aucun souvenir de ce qu’il vient de se produire. Aucun souvenir de Shana ? Bizarrement, à cette idée, la poitrine de l’elfe se contracte. Tant de gens l’ont déjà rayée de leur vie sans sourciller, faut-il que sa voisine le fasse également ?
— Oh non, s’empresse de papillonner Ambre. Ne sois pas triste ! On se connaît, n’est-ce pas ? ajoute-t-elle en fouillant sa mémoire. J’en suis certaine, parce que quand je te vois, il y a ce petit truc au bout de mes ailes, comme… Oh ! Est-ce que, par hasard, toi et moi, on serait…
Elle ne termine pas sa phrase, se contentant d’arquer un sourcil bleu pâle, le parfait ornement pour ce sourire à mi-chemin entre la tendresse et l’innocence. C’est cette expression qui aide Shana à percuter. Elle sursaute et lève les mains devant elle.
— Non, ce n’est pas du tout ce que tu crois ! On est voisines.
— Oh, dommage, souffle Ambre. Parce que je te trouve très belle. Mais bon, au moins, je sens qu’on est amies et que je peux te faire confiance. C’est toi qui es venue me sauver, non ?
Shana en reste comme deux ronds de flan, la mâchoire à moitié béante. Comment ça « dommage » ? Comment ça « je peux te faire confiance » ? Si elle avait besoin de preuves de l’amnésie de sa voisine, elle n’en demanderait pas d’autres. À défaut d’être tombée sur la tête, Ambre a bel et bien le cerveau à l’envers.
Une drôle d’émotion s’empare du petit cœur sombre et noir de l’elfe. Une émotion qui, si elle n’y prend pas garde, lui soufflera des images un peu trop vives de ce que pourrait être un autre type de relation avec Ambre. »