Chloé Morane

Nouveau recueil vintage contenant des histoires écrites des années 50 à nos jours, ce 68e volume est un cru plutôt sympathique, qui montre bien l'évolution de la romance sur plus d'un demi-siècle.



« Sous prétexte d'amour », première histoire et la plus ancienne, raconte la vie de Rose, dont la belle-mère empoisonne la relation avec son mari. Quelle surprise, donc, de voir ladite Rose partir pour élever sa fille seule, à une époque où ça ne se faisait pas trop ! Et la suite ne cesse d'étonner. En bien. Certes, le récit possède un côté très expédié puisque s'étalant sur deux décennies, mais sa conclusion justifie amplement sa place dans la collection.



« La jeune fille en blanc » possède une atmosphère de conte gothique absolument délicieuse. Dommage qu'une petite phrase annonce le fin mot de l'histoire bien trop tôt, ruinant inutilement tout mystère ! Sans quoi, il n'y aurait rien eu à redire...



J'étais persuadé que j'allais détester « Quand le coeur bat de travers » : les histoires d'adultère, non merci. Et pourtant... pas de tromperie bête et méchante ici, Anna est bel et bien amoureuse de deux hommes à la fois, ce qui ne manque pas de la torturer. Et surtout, il est aussi question de la naissance d'une amitié féminine aussi belle qu'incongrue, qui clôture le tout de la meilleure façon qui soit.



Si « Un homme responsable » date de 1982, c'est probablement le texte qui a le moins bien vieilli. D'un côté on nous répète à quel point Daniel est formidaaaaaable, de l'autre on ne voit pas en quoi, plus Christiane lui demande de la laisser tranquille, plus il insiste, et elle cède toujours à contrecoeur... Bref, cette « romance », on y croit pas une seconde et elle ne fait pas rêver.



« Un moment d'égarement » laisse à nouveau croire à une histoire d'infidélité... mais les apparences sont trompeuses et les choses, pas si simples. En plus, les indices étaient en clair dès le départ... encore fallait-il y prêter attention. Bon, ça reste flou, mais... disons qu'on a envie de croire l'héroïne.



« Une attirance évidente » a presque tout pour plaire : une héroïne cinquantenaire toujours séduisante, un bad boy attirant, un furet facétieux, de la complicité et de l'humour. Et puis paf, Emmanuelle Sandre piétine notre petit coeur. On aimera ou pas cette fin, cette histoire n'en reste pas moins très agréable à lire.



S'il n'y a cette fois aucune histoire que l'on gardera durablement en mémoire, la seule moins bonne n'est pas non plus si mauvaise que ça. Pas le meilleur des recueils vintage de l'éditeur, mais clairement pas le pire non plus. Et toujours, superbement illustré en couleur.

Avec son bel enrobage vintage, ce petit recueil d'histoires courtes a tout pour attirer l’œil. A l'intérieur, six histoires : cinq datant de 1978 et aux auteurs malheureusement inconnus, et une de 2015 écrite par Chloé Morane. Pour le livre en lui-même, Reworld Media a mis le paquet : « semi-poche » (plus grand qu'un poche, mais moins qu'un broché standard) de 109 pages au joli vernis sélectif, il présente surtout six splendides illustrations couleur d'anciennes unes du magazine, quand le lettrage était encore dessiné à la main.

Et les histoires alors ?



« L'amour en partition », qui ouvre le recueil, est peut-être celle qui a le plus mal vieilli, avec des conventions d'un autre âge, des dramas qui sortent de nulle part et une fin abrupte. En revanche, le thème de la musique est omniprésent et en fait une lecture originale, qui se lit si l'on arrive à mettre de côté le reste.

« Une promesse de paradis », seul récit contemporain, raconte la tumultueuse accession à la propriété d'un jeune couple. Rien n'a bougé en sept ans côté immobilier (c'est même devenu pire) et l'on s'attache sans mal aux personnages qui essaient comme ils peuvent de rendre habitable la semi-ruine qu'ils ont pu s'offrir... et cache quelques secrets. Ce n'était pas du tout ce à quoi l'on pouvait s'attendre, la plume de Chloé Morane est légère et teintée tantôt d'humour, tantôt de sérieux, bref, c'est une très bonne histoire courte qui donne le sourire et mérite totalement sa place ici.

« La différence » narre les déboires d'un jeune homme cherchant à découvrir ce qui est arrivé à sa copine, qui a brutalement changé. Si le tout s'avère franchement prévisible, et la fin rapide, ça se lit sans déplaisir, principalement parce que les personnages secondaires, certes clichés, sont réussis.

« La force de l'amour » n'est ni plus ni moins que la raison qui devrait vous attirer vers ce livre. Alors d'accord, ce n'est pas une romance. Mais c'est surtout une chouette histoire, au message toujours autant d'actualité, et que feraient bien de lire un sacré paquet de soignants dans l'entourage de mes camarades malades chroniques. Alors d'accord, la fin est un peu facile, mais pas de quoi gâcher l'ensemble.

« Un coup de baguette magique » n'a pas pris une ride. En une quinzaine de pages, on a la fille peu sûre d'elle, la rivale jalouse et faussement bienveillante, l'homme inaccessible et le gars gentil... Un schéma que l'on retrouve toujours dans les romances actuelles ! Le rythme du récit est maîtrisé et l'histoire ne pâtit pas du tout de sa brièveté.

« Un voyage insensé », petite romance médicale de saison, pourrait également là encore tout à fait sortir aujourd'hui sans que l'on ne se doute de son âge. Une histoire classique de quiproquo et de jalousie sans fondement, à l'ambiance plus amère que romantique. Heureusement qu'il reste la neige...



Décidément, les recueils de Nous Deux recèlent souvent de bonnes surprises. Ici, si tous les récits ne se valent pas, la plupart se lisent avec plaisir et deux sortent VRAIMENT du lot.

Et puis, on en parle de la beauté rétro du truc ?