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Critiques de Chris Weston (18)
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Judge Dredd : Contrôle

Ce tome regroupe 5 histoires courtes, toutes dessinées et encrées par Chris Weston, et écrites par Rob Williams.



Control, paru dans les progs (numéros) 2035 & 2036 du magazine hebdomadaire 2000AD en 2017, et 2073 & 2074 (2017), 2141 à 2145 (2019). Le Juge McVay et le juge cadet Higbee interviennent dans un arraisonnement d'une ambulance transportant des cœurs pour transplantation cardiaque. Les criminels tirent sur une navette volante des juges qui s'écrase dans un immeuble. Le juge cadet se précipite pour aller aider les civils. Après son intervention et la neutralisation des criminels par les juges McVay et Dredd, la juge Pin arrive sur place. Elle fait partie du service Special Judicial Squad, c’est-à-dire l'inspection générale des Juges. Elle intervient pour faire arrêter le juge McVay qui avait un intérêt personnel dans le bloc où s'est écrasée la navette. Deux mois plus tard, la juge Pin se charge d'assassiner Higbee qui entretemps a réussi son examen de passage et est devenu un juge titulaire.



John Wagner, le scénariste historique de Judge Dredd presque depuis sa création en 1977, prend de l'âge comme tout le monde, et les responsables éditoriaux de la maison d'édition détenant les droits du personnage doivent lui trouver un successeur. Depuis plusieurs années, ils en testent, et Rob Williams semble prouver régulièrement que son écriture s'inscrit dans la tradition. Ici, il propose un thriller à la facture déconcertante. L'une des juges appartenant à ce qui s'apparente à la police des polices (au juge des juges) se met à assassiner ceux qu'elle estime indignes, ceux qui n'atteignent pas la perfection qu'elle estime indispensable pour que le gouvernement des juges réussisse à continuer à endiguer la médiocrité des citoyens. Ce qui déconcerte est que le scénariste révèle l'identité de ce tueur de juges dès le début : il n'y a donc aucun suspense sur ce plan-là. L'intrigue est donc courue d'avance : la juge Pin va tuer des juges, certains proches de Joe Dredd, et celui-ci va enquêter jusqu'à la neutraliser, vraisemblablement de manière définitive. Sans surprise, c'est bien ce qui se produit. Dans le même temps, le scénariste intègre des éléments de sa propre continuité pour apporter plus de consistance à l'intrigue, et pour faire lentement évoluer la situation de Dredd au sein du ministère de la Justice. Le lecteur ayant suivi la série retrouve donc le juge Alex Gerhart et la juge Maitland. Dredd avait collaboré avec le premier dans Judge Dredd: Titan et sur l'affaire Enceladus, ainsi qu'avec la seconde dans la même affaire.



Même si l'intrigue qui constitue le fil directeur est étrangement courue d'avance, le scénariste raconte l'enquête de Dredd avec le naturalisme habituel de la série, c’est-à-dire que Dredd ne se met pas tout d'un coup à ne plus faire que ça (traquer le coupable), mais ses activités de tous les jours le mène à parfois se retrouver mêlé à une conséquence incidente des activités de Judge Pin, et qu'il garde à l'esprit ces faits qui n'ont pas encore trouvé de résolution. En outre, Williams garde à l'esprit qu'il écrit pour un média visuel et que les lecteurs attendent de l'action. Cela commence avec cette accaparation d'une ambulance par un gang d'une demi-douzaine d'individus, et Chris Weston établit dès la première page qu'il est le dessinateur de la situation. Il réalise des cases dans un registre descriptif avec un niveau de détails élevé. Le lecteur retrouve donc tous les éléments visuels de la série qui font partie de son horizon d'attente : les grosses bécanes des juges, les uniformes en cuir des juges avec leurs épaulettes énormes, les gratte-ciels des blocs massifs et interminables, les casques des juges avec leur visière impénétrable, la forme caractéristique de leur arme de poing (lawgiver), les insignes des juges et la plaque avec leur nom, sans oublier le crâne sur le casque des juges du SJS.



De prime abord, le lecteur pourrait trouver les dessins un peu sages, car très appliqués, mais de séquence en séquence il constate que Weston sait leur conférer un réel impact. Les juges présentent une réelle prestance impressionnante sur leur moto. Les juges chargés de la surveillance en direct dans la salle de commandement dans le Hall de Justice sont affairés comme il se doit et prompts à réagir aux ordres très directifs de la juge-en-chef. Le lecteur se rend compte qu'il a souri sans retenue en voyant les juges mettre en joue l'individu en short qui a réussi à hacker les droïdes de guerre. Il sourit également avec bon cœur en découvrant ce fattie sur ses aéro-patins. Il ressent toute la solennité imposante du tribunal où siègent les juges SJS, impressionnant même Joe Dredd. Il ressent tout le malaise et l'horreur de l'évocation du nombre de morts (par millions) lors des jours du chaos. Il se sent malmené lors du combat final de 6 pages, perdant son équilibre dans la boue comme les personnages. Weston sait donner une consistance palpable à chaque élément, sait donner à voir cet environnement futuriste, le lecteur ayant l'impression de s'y trouver.



Cette première histoire se compose donc de 3 chapitres et prend le parti d'une construction déstabilisante, puisque l'identité du criminel est connue depuis le début. La narration visuelle donne tout d'abord l'impression de pages très détaillées, mais un peu pesantes. À la lecture, le ressenti change : la narration visuelle projette le lecteur dans ce monde avec efficacité, et l'intrigue est plaisante à suivre, même si le combat final semble un peu étiré, et s'il manque la dimension politique habituelle de la série. Le thème principal semble être celui du syndrome du stress post traumatique, mais en toile de fonds, plus comme un dispositif narratif qu'une véritable thématique.



The heart is a lonely Klegg hunter parus dans les progs 1888 & 1889, publiés en 2014. Klegg Délicat, un extraterrestre de forme saurienne avec une tête de plus que les humains a été accepté comme résident de MegaCity One. Néanmoins il effraie tous les citoyens, certains qu'il va les dévorer. Comme tous les jours, il se rend à la bibliothèque pour emprunter des livres romantiques et romanesques, tout en essuyant les contrôles de police des juges, et les réactions d'effroi des citoyens. Il a essayé beaucoup de choses pour s'intégrer : déjeuner avec des humains qu'il côtoie, travailler comme opérateur de saisie, faire du speed-dating pour essayer de trouver une amie pour une soirée, accepter d'être un invité dans un talk-show. Mais chaque expérience a tourné court, ou s'est terminée à son désavantage. Il commence à envisager e suicide.



La mégalopole de Mega-City One est peuplée d'individus hors norme. Le scénariste s'amuse bien avec ce crocodile anthropomorphe gonflé aux stéroïdes qui ne ferait pas de mal à une mouche mais dont l'apparence empêche quelque amitié que ce soit. Le dessinateur s'amuse tout autant à l'intégrer dans des environnements aussi concrets que dans l'histoire précédent, à jouer sur son apparence massive et effrayante, sur ses expressions de visage sans oublier une larme de crocodile. Le lecteur ne sait plus trop comment réagir entre empathie pour cet individu si gentil et si sympathique, et une furieuse envie de le secouer pour qu'il ne se laisse pas faire. Les auteurs mettent en œuvre un humour noir sur une dynamique de course-poursuite, avec une réelle empathie pour leur personnage : une friandise très savoureuse.



Boxing day parus dans le prog 2011, en 2017. Les juges comptables proposent une idée inédite à la juge-en-cheffe : récompenser avec de l'argent, les citoyens qui se seront tenus à carreau en ne commettant aucun crime, aucune infraction à Noël et Boxing Day. Contre l'avis de Dredd, le projet est mis en œuvre. Contre toute attente : ça fonctionne. Il se commet tellement peu de crimes le soir de Noël, que Joe Dredd peut même aller réveillonner en toute quiétude avec sa famille chez Vienna. Deuxième histoire courte, deuxième nouvelle humoristique des auteurs, très réussie également, un peu moins sur le plan des personnages, beaucoup plus sur le cynisme social avec l'idée principale de payer les citoyens pour qu'ils respectent la loi car ça coutera moins cher que les dégradations qu'ils pourraient commettre, et les enquêtes nécessaires pour les arrêter, sans parler des frais de détention.



Elevator pitch parus dans les progs 2088 & 2089, en 2018. Un architecte a fait construire un hôtel palace flottant au-dessus de MegaCity One, et qui va accueillir ses premiers clients riches à millions. Premier problème : l'ascenseur se coince au beau milieu de sa montée. Deuxième problème : un gang de singes dotés de conscience prend en otage les clients à bord de l'ascenseur. Comme dans l'histoire précédente, Rob Williams manque un peu de finesse dans sa critique sociale. Certes l'idée des riches vivant au-dessus du commun des mortels est une image qui fonctionne bien, ainsi que le fait qu'ils soient ridiculisés par des singes. Mais ça reste très premier degré. En revanche, l'artiste reste en pleine forme pour les décors (ascenseur, vue du ciel de la mégalopole), et pour les scènes d'action.



The death of Dan-E Cannon parus dans le prog 1800, en 2012. L'intelligence artificielle d'un des satellites de défense de MegaCity-One dysfonctionne et il se met à émettre un rayon laser en continu qui détruit des portions de la mégapole. Chris Weston réalise cette histoire tout seul. Le lecteur peut voir qu'il est totalement impliqué dans chaque case, avec un Judge Dredd imposant de confiance, de calme et de sérieux, et une histoire de science-fiction légère, avec une bonne dose d'action, et une note tragique rehaussée par une pointe de cynisme.



Malgré l'absence du père spirituel de Judge Dredd, cette collection de récits (un long et 4 nouvelles) mérite de figurer dans la bibliothèque du fan, avant tout pour les dessins très consistants et méticuleux sans être figés de Chris Weston, et pour l'histoire principale de Rob Williams, ainsi que la nouvelle sur Klegg Délicat.
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Judge Dredd : Contrôle

Ce tome regroupe 8 histoires courtes, toutes dessinées et encrées par Chris Weston, et écrites par Rob Williams, sauf les 2 dernières écrites par Weston.



Control, paru dans les progs (numéros) 2035 & 2036 du magazine hebdomadaire 2000AD en 2017, et 2073 & 2074 (2017), 2141 à 2145 (2019). Le Juge McVay et le juge cadet Higbee interviennent dans un arraisonnement d'une ambulance transportant des cœurs pour transplantation cardiaque. Les criminels tirent sur une navette volante des juges qui s'écrase dans un immeuble. Le juge cadet se précipite pour aller aider les civils. Après son intervention et la neutralisation des criminels par les juges McVay et Dredd, la juge Pin arrive sur place. Elle fait partie du service Special Judicial Squad, c’est-à-dire l'inspection générale des Juges. Elle intervient pour faire arrêter le juge McVay qui avait un intérêt personnel dans le bloc où s'est écrasée la navette. Deux mois plus tard, la juge Pin se charge d'assassiner Higbee qui entretemps a réussi son examen de passage et est devenu un juge titulaire.



John Wagner, le scénariste historique de Judge Dredd presque depuis sa création en 1977, prend de l'âge comme tout le monde, et les responsables éditoriaux de la maison d'édition détenant les droits du personnage doivent lui trouver un successeur. Depuis plusieurs années, ils en testent, et Rob Williams semble prouver régulièrement que son écriture s'inscrit dans la tradition. Ici, il propose un thriller à la facture déconcertante. L'une des juges appartenant à ce qui s'apparente à la police des polices (au juge des juges) se met à assassiner ceux qu'elle estime indignes, ceux qui n'atteignent pas la perfection qu'elle estime indispensable pour que le gouvernement des juges réussisse à continuer à endiguer la médiocrité des citoyens. Ce qui déconcerte est que le scénariste révèle l'identité de ce tueur de juges dès le début : il n'y a donc aucun suspense sur ce plan-là. L'intrigue est donc courue d'avance : la juge Pin va tuer des juges, certains proches de Joe Dredd, et celui-ci va enquêter jusqu'à la neutraliser, vraisemblablement de manière définitive. Sans surprise, c'est bien ce qui se produit. Dans le même temps, le scénariste intègre des éléments de sa propre continuité pour apporter plus de consistance à l'intrigue, et pour faire lentement évoluer la situation de Dredd au sein du ministère de la Justice. Le lecteur ayant suivi la série retrouve donc le juge Alex Gerhart et la juge Maitland. Dredd avait collaboré avec le premier dans Judge Dredd: Titan et sur l'affaire Enceladus, ainsi qu'avec la seconde dans la même affaire.



Même si l'intrigue qui constitue le fil directeur est étrangement courue d'avance, le scénariste raconte l'enquête de Dredd avec le naturalisme habituel de la série, c’est-à-dire que Dredd ne se met pas tout d'un coup à ne plus faire que ça (traquer le coupable), mais ses activités de tous les jours le mène à parfois se retrouver mêlé à une conséquence incidente des activités de Judge Pin, et qu'il garde à l'esprit ces faits qui n'ont pas encore trouvé de résolution. En outre, Williams garde à l'esprit qu'il écrit pour un média visuel et que les lecteurs attendent de l'action. Cela commence avec cette accaparation d'une ambulance par un gang d'une demi-douzaine d'individus, et Chris Weston établit dès la première page qu'il est le dessinateur de la situation. Il réalise des cases dans un registre descriptif avec un niveau de détails élevé. Le lecteur retrouve donc tous les éléments visuels de la série qui font partie de son horizon d'attente : les grosses bécanes des juges, les uniformes en cuir des juges avec leurs épaulettes énormes, les gratte-ciels des blocs massifs et interminables, les casques des juges avec leur visière impénétrable, la forme caractéristique de leur arme de poing (lawgiver), les insignes des juges et la plaque avec leur nom, sans oublier le crâne sur le casque des juges du SJS.



De prime abord, le lecteur pourrait trouver les dessins un peu sages, car très appliqués, mais de séquence en séquence il constate que Weston sait leur conférer un réel impact. Les juges présentent une réelle prestance impressionnante sur leur moto. Les juges chargés de la surveillance en direct dans la salle de commandement dans le Hall de Justice sont affairés comme il se doit et prompts à réagir aux ordres très directifs de la juge-en-chef. Le lecteur se rend compte qu'il a souri sans retenue en voyant les juges mettre en joue l'individu en short qui a réussi à hacker les droïdes de guerre. Il sourit également avec bon cœur en découvrant ce fattie sur ses aéro-patins. Il ressent toute la solennité imposante du tribunal où siègent les juges SJS, impressionnant même Joe Dredd. Il ressent tout le malaise et l'horreur de l'évocation du nombre de morts (par millions) lors des jours du chaos. Il se sent malmené lors du combat final de 6 pages, perdant son équilibre dans la boue comme les personnages. Weston sait donner une consistance palpable à chaque élément, sait donner à voir cet environnement futuriste, le lecteur ayant l'impression de s'y trouver.



Cette première histoire se compose donc de 3 chapitres et prend le parti d'une construction déstabilisante, puisque l'identité du criminel est connue depuis le début. La narration visuelle donne tout d'abord l'impression de pages très détaillées, mais un peu pesantes. À la lecture, le ressenti change : la narration visuelle projette le lecteur dans ce monde avec efficacité, et l'intrigue est plaisante à suivre, même si le combat final semble un peu étiré, et s'il manque la dimension politique habituelle de la série. Le thème principal semble être celui du syndrome du stress post traumatique, mais en toile de fonds, plus comme un dispositif narratif qu'une véritable thématique.



The heart is a lonely Klegg hunter parus dans les progs 1888 & 1889, publiés en 2014. Klegg Délicat, un extraterrestre de forme saurienne avec une tête de plus que les humains a été accepté comme résident de MegaCity One. Néanmoins il effraie tous les citoyens, certains qu'il va les dévorer. Comme tous les jours, il se rend à la bibliothèque pour emprunter des livres romantiques et romanesques, tout en essuyant les contrôles de police des juges, et les réactions d'effroi des citoyens. Il a essayé beaucoup de choses pour s'intégrer : déjeuner avec des humains qu'il côtoie, travailler comme opérateur de saisie, faire du speed-dating pour essayer de trouver une amie pour une soirée, accepter d'être un invité dans un talk-show. Mais chaque expérience a tourné court, ou s'est terminée à son désavantage. Il commence à envisager e suicide.



La mégalopole de Mega-City One est peuplée d'individus hors norme. Le scénariste s'amuse bien avec ce crocodile anthropomorphe gonflé aux stéroïdes qui ne ferait pas de mal à une mouche mais dont l'apparence empêche quelque amitié que ce soit. Le dessinateur s'amuse tout autant à l'intégrer dans des environnements aussi concrets que dans l'histoire précédent, à jouer sur son apparence massive et effrayante, sur ses expressions de visage sans oublier une larme de crocodile. Le lecteur ne sait plus trop comment réagir entre empathie pour cet individu si gentil et si sympathique, et une furieuse envie de le secouer pour qu'il ne se laisse pas faire. Les auteurs mettent en œuvre un humour noir sur une dynamique de course-poursuite, avec une réelle empathie pour leur personnage : une friandise très savoureuse.



Boxing day parus dans le prog 2011, en 2017. Les juges comptables proposent une idée inédite à la juge-en-cheffe : récompenser avec de l'argent, les citoyens qui se seront tenus à carreau en ne commettant aucun crime, aucune infraction à Noël et Boxing Day. Contre l'avis de Dredd, le projet est mis en œuvre. Contre toute attente : ça fonctionne. Il se commet tellement peu de crimes le soir de Noël, que Joe Dredd peut même aller réveillonner en toute quiétude avec sa famille chez Vienna. Deuxième histoire courte, deuxième nouvelle humoristique des auteurs, très réussie également, un peu moins sur le plan des personnages, beaucoup plus sur le cynisme social avec l'idée principale de payer les citoyens pour qu'ils respectent la loi car ça coutera moins cher que les dégradations qu'ils pourraient commettre, et les enquêtes nécessaires pour les arrêter, sans parler des frais de détention.



Elevator pitch parus dans les progs 2088 & 2089, en 2018. Un architecte a fait construire un hôtel palace flottant au-dessus de MegaCity One, et qui va accueillir ses premiers clients riches à millions. Premier problème : l'ascenseur se coince au beau milieu de sa montée. Deuxième problème : un gang de singes dotés de conscience prend en otage les clients à bord de l'ascenseur. Comme dans l'histoire précédente, Rob Williams manque un peu de finesse dans sa critique sociale. Certes l'idée des riches vivant au-dessus du commun des mortels est une image qui fonctionne bien, ainsi que le fait qu'ils soient ridiculisés par des singes. Mais ça reste très premier degré. En revanche, l'artiste reste en pleine forme pour les décors (ascenseur, vue du ciel de la mégalopole), et pour les scènes d'action.



The death of Dan-E Cannon parus dans le prog 1800, en 2012. L'intelligence artificielle d'un des satellites de défense de MegaCity-One dysfonctionne et il se met à émettre un rayon laser en continu qui détruit des portions de la mégapole. Chris Weston réalise cette histoire tout seul. Le lecteur peut voir qu'il est totalement impliqué dans chaque case, avec un Judge Dredd imposant de confiance, de calme et de sérieux, et une histoire de science-fiction légère, avec une bonne dose d'action, et une note tragique rehaussée par une pointe de cynisme.



Cadet Dredd vs Grudzilla parus dans le prog 2130, en 2019. Les juges ont accepté qu'un navire militaire avec des juges participent au tournage d'un film avec l'acteur japonais Ho-Ho Mesoddo qui a fait greffer son cerveau dans un reptile mutant géant appelé Grudzilla. Un hommage amusé aux films de Kaiju, avec une vraie intrigue, un point de départ délirant et très logique dans l'univers de Dredd, des dessins très précis et très concrets, une farce très savoureuse.



Malgré l'absence du père spirituel de Judge Dredd, cette collection de récits (un long et 7 nouvelles) mérite de figurer dans la bibliothèque du fan, avant tout pour les dessins très consistants et méticuleux sans être figés de Chris Weston, et pour l'histoire principale de Rob Williams, ainsi que la nouvelle sur Klegg Délicat, et les deux de Weston.
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Royal Space Force : Ministère de l'espace

Alors que la Seconde Guerre mondiale touche à sa fin, les anglais vont damer le pion aux américains et récupérer les scientifiques nazis. Dans cette uchronie, ce sont donc les anglais qui vont se lancer dans la course à l'espace mais sans aucun adversaire à leur taille…

Une uchronie intéressante mais je regrette le format de la série avec une histoire en un seul album de 80 pages. Tout va trop vite et on ne rentre pas dans les détails. On se contente de flashs de 2/3 pages sur la montée en puissance du Ministère de l'espace britannique : création du Ministère - premier test de fusée suborbitale - premier vol humain - première station spatiale - premier alunissage… bref, cela va à cent à l'heure et tout est fait de façon grandiose (il n'y a qu'à voir le premier atterrissage sur Mars !) et on a du mal à y croire. Certes, on est dans un récit de science-fiction mais Warren Ellis aurait pu un tant soit peu expliqué les avancées technologies fulgurantes des britanniques.

Une histoire qui aurait pu largement être développée sur plusieurs albums car les idées sont bonnes mais elles sont balancées à la va vite. On ne s'attache pas aux personnages et ces flashbacks incessants n'aident pas à poser un peu l'histoire.

C'est au final une histoire frustrante car elle avait un terrible potentiel mais on dirait que Warren Ellis la écrit sur un coin de table très rapidement, juste pour le plaisir et passer rapidement à autre chose. C'est dommage de gâcher une idée si intéressante.
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Royal Space Force : Ministère de l'espace

Il y a des uchronies si incroyables qu'elles ne sont plus très crédibles. Dans le cas présent, la Royal Air Force va se muter en Royal Space Force. L'histoire de la conquête de l'espace est réécrite façon british avec god save the queen comme emblême. Une fois qu'on a avalé l'idée de départ comme une grosse couloeuvre, c'est intéressant de voir comment s'est construit petit à petit ce ministère de l'espace. Il y a un petit côté rétro qui donne du style à l'ensemble.



Le rêve de la conquête spatiale s'est arrêtée récemment avec l'arrêt des programmes de navettes spatiales de la NASA. On ne verra certainement pas de notre vivant un homme sur Mars. Les années 70 avec le premier pas de l'homme sur la Lune semblent déjà un lointain souvenir. Bref, cette bd est rafraîchissante car elle rappelle un rêve abandonné. Tout passe par le financement. Or, cela sera bien l'objet de l'intrigue principale: qu'est-ce qui a permis à l'Angleterre ruinée par la Seconde Guerre Mondiale de monter un ambitieux programme spacial ?



La bd se lit très rapidemment. On aurait aimé plus de consistance. Il n'en demeure pas moins que le dessin est superbe et que cette réalité alternative demeure intéressante à découvrir même si on n'y croît guère.
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The twelve, Tome 1 :

Il s'agit d'une histoire en 12 épisodes, les 6 premiers dans ce tome, les numéros 7 à 12 dans The twelve, Tome 2. Le scénario est de JM Strasczynski, les dessins de Chris Weston et l'encrage de Garry Leach.



Le 25 avril 1945, les forces alliées pénètrent dans Berlin, accompagnées par les superhéros américain, Captain America en tête Le hasard veut que 12 superhéros qui ne se connaissaient pas ou peu investissent ensemble le quartier général de la Schutzstaffel (SS). Il tombe dans un piège qui a pour conséquence qu'ils se retrouvent en animation suspendue. Le 02 août 2008, une pelleteuse en train d'exécuter une excavation disparaît dans un fontis, ces 12 rescapés du passé sont découverts et ramenés à la vie. Le gouvernement des États-Unis s'engage à leur fournir le gîte et le couvert pendant un an, pour services rendus, le temps qu'ils reprennent contact avec le monde actuel et qu'ils se trouvent une situation. Suivant les individus les réactions sont différentes. Aux 2 extrémités des réactions, il y a d'un coté Dynamic Man (personnage créé en 1940) qui se met immédiatement à faire le superhéros pour le compte du gouvernement. À l'autre extrémité, Captain Wonder (Jeff Jordan - créé en 1943) apprend le décès de sa femme et de ses 2 enfants tués (comme soldats pendant la guerre du Vietnam). Outre ces 2 superhéros, l'équipe se compose de Blue Blade (Roy Chambers - 1942), Black Widow (Clair Voyant - 1940), Electro (contrôlé par le professeur Philo Zog - 1940), Fiery Mask (Jack Castle - 1940), Laughing Mask (Dennis Burton - 1941), Master Mind Excello (Earl Everett - 1940), Mister E (Victor J. Goldstein - 1941), Phantom Reporter (Richard Jones - 1941), Rockman (Daniel Rose - 1941) et Witness (inconnu - 1941).



En 2007, les éditeurs de Marvel Comics (toujours soucieux de faire fructifier leur catalogue de personnages) proposent à JM Straczynski d'écrire une histoire permettant de ramener dans le monde moderne 12 héros masqué oubliés créés dans les années 1940 (l'époque du Golden Age des comics), alors que Marvel s'appelait encore Timely Comics. Ce qui intéresse Straczynski dans le projet est de pouvoir jouer avec ces individus déplacés dans le temps et d'opposer leur système de valeur à celui de notre époque (les années 2000).



En 10 pages, les 12 héros se retrouvent donc en 2008, et l'histoire peut commencer. Comme le lecteur peut s'en douter, Straczynski est son propre ennemi dans cette histoire : le défi narratif est de jongler avec 12 personnages quasi nouveaux, plus les autres qui leur permettent de réagir au monde moderne. Autant dire qu'il n'y a aucun espoir que l'un ou l'autre développe plus qu'un semblant de personnalité. Phantom Reporter sert d'ancrage au récit et plusieurs scènes sont vécues à partir de son point de vue et de ses réflexions internes. Heureusement Chris Weston a un style très appliqué grâce auquel il donne un visage aux traits spécifiques à chaque personnage, ainsi que des costumes très faciles à reconnaître. La contrepartie un peu bizarre est que la plupart des personnages conserve son costume à l'époque moderne, alors qu'ils pourraient s'habiller en civil avec des vêtements modernes (ce serait même plus logique par rapport au scénario). Il y en a même un qui conserve ses vêtements civils des années 1940.



D'une manière générale, le style de dessins très prosaïques et détaillés donne vraiment l'impression au lecteur de se trouver devant de véritables individus (malgré leurs goûts vestimentaires saugrenus). L'approche réaliste et minutieuse de Weston permet au lecteur de se sentir à coté de chaque personnage, dans la même pièce, à chaque fois dans un endroit spécifique et tangible. La densité d'informations visuelles est assez élevée. La mise en page est très sage, à base de cases rectangulaires juxtaposées, sans décomposition d'action ou d'effets cinématiques. Et sn style appliqué lui permet de glisser de ci de là un détail savoureux tel le nazi en train de tâter subrepticement la poitrine de Black Widow alors qu'elle est artificiellement endormie.



Grâce à la forte personnalité graphique de chaque personnage et à une gestuelle éloquente, il suffit d'un petit effort de dialogue pour qu'ils acquièrent une personnalité psychologique, chose que fait très bien Straczynski. Pour le reste le résultat est assez mitigé. Il y a bien sûr le personnage qui a du mal à se faire à la modernité, surtout le mouvement incessant et généralisé, sans parler du bruit. Il y a celui qui n'arrive pas à se faire à la mort de ses proches. Il y a celui qui est pressé de se remettre au boulot, celui qui n'était pas forcément très bien dans sa tête, même à son époque d'origine, etc. Finalement Straczynski met en scène la confrontation des systèmes de valeurs de manière assez douce, et même discrète. Il valait peut être mieux d'ailleurs car pour lui les individus des années 1940 arrivent avec un système de valeurs assez rigide et très tranché, difficilement conciliable avec une forme de permissivité qui règne à notre époque actuelle. Le principe sous-jacent serait que la nature humaine évolue avec les décennies, ce qui n'est pas une hypothèse admise par tout le monde. Heureusement Straczynski rétablit une forme d'équilibre en montrant que parmi ce groupe disparate de héros formé par le hasard, il se trouve aussi des individus aux motivations un peu moins pures ou angéliques, et plus opportunistes que les autres. Finalement Straczynski utilise les 12 personnages pour montrer que tous ne sont pas animés par les mêmes objectifs, les mêmes valeurs et les mêmes motivations. Mais à nouveau la multiplicité des personnages fait qu'il n'a pas le temps de s'appesantir sur grand-chose ; il s'agit plutôt d'un survol à chaque fois. Et là le lecteur se dit que plutôt d'obéir à un impératif éditorial de réintégrer 12 personnages supplémentaires au catalogue Marvel, Straczynski aurait peut être été plus inspiré d'écrire une histoire indépendante de la continuité sur les premières années de retour à la vie moderne de Steve Rogers (Captain America) juste après son dégel.



Straczynski et Weston proposent au lecteur une histoire qui sort de l'ordinaire de superhéros dans la mesure où ce sont les personnalités des héros et leur situation d'individus en dehors de leur époque qui fournissent le moteur de l'histoire (au lieu d'une opposition contre un supercriminel). Les dessins méticuleux de Weston permettent au lecteur de s'immerger dans le quotidien de ces 12 exilés de leur époque. Le nombre important de personnages offre à Straczynski la possibilité de multiplier les réactions au déplacement dans le temps, mais il l'empêche dans le même temps de développer l'une ou l'autre des situations.
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Royal Space Force : Ministère de l'espace

Il s'agit d'une minisérie en 3 épisodes écrite par Warren Ellis et dessinée par Chris Weston initialement parue en 2001.

En 2001, une jeune pilote du Ministère de l'espace britannique vient chercher John Dashwood à l'université de Lowlands pour l'emmener devant un conseil militaire dans une station spatiale. Tout a commencé en 1945 quand une troupe américaine est arrivée dans un camp allemand basé à Peenemunde pour trouver la place désertée. À peine ont-ils fini d'effectuer une reconnaissance des lieux que l'aviation anglaise effectue un lâcher de bombes au dessus de cette base, les massacrant. À partir de cet événement, l'histoire du monde telle que nous la connaissons va s'en trouver modifiée : le Royaume Uni prend la tête de la course à l'espace. Ils sont les premiers à se doter d'un avion capable de voler dans la haute stratosphère, les premiers à envoyer une fusée dans l'espace, les premiers à marcher sur la Lune, etc.

À la lecture, il est évident que les 2 créateurs se sont beaucoup amusés à inventer cette réalité divergente. Chris Weston réalise des illustrations remarquables par les détails qui évoquent le glorieux passé de l'Angleterre, l'Empire où le soleil ne se couche jamais. Dès la première pleine page le ton est donné : dans une riante campagne anglaise, avec un joli village en arrière plan un homme est en train de pêcher avec son jeune fils à ses cotés. Au dessus d'eux s'élève un avion à décollage vertical. Tous les détails sont présents : le banc de pêche en osier, le cygne sur le plan d'eau, les revers sur le short de l'enfant, la clôture en bois, les feuilles soulevées par l'avion et le design spécifique de l'avion. Et tout le reste du tome bénéficie d'illustrations aussi évocatrices et sophistiquées. Il convient de mentionner le somptueux bureau de Winston Churchill qui est superbement mis en valeur par les tons chauds utilisés par Laura Martin dans sa mise en couleurs. En fait chaque scène transporte vraiment le lecteur sur le site au milieu des personnages : une promenade sur une plage, la texture du cuir du blouson des aviateurs, la découverte visuelle de la courbure de la terre vue de la haute stratosphère, le premier aperçu de la station spatiale en orbite autour de notre planète, la destruction d'un moulin à vent lors d'un atterrissage catastrophe avec chaque planche de bois déchiquetée et chaque engrenage projeté par le choc, les riches dorures de Buckingham Palace, etc. Chaque personnage dispose d'une identité graphique individualisée. Et les différents aéronefs et fusées disposent d'un design spécifique avec une cohérence globale dans la durée de l'histoire. À bien y regarder, le lecteur constate également que Chris Weston a su instaurer une logique visuelle qui rend compte de la technologie retenue en particulier pour le mode de propulsion.

Coté scénario, Warren Ellis a concocté une histoire qui suit la conquête de l'espace par les anglais de 1945 à 2001. le développement du Ministère de l'espace (Ministry of Space) est vu par les yeux de John Dashwood, un commandant de la Royal Air Force, l'homme qui a rendu possible l'hégémonie de l'Angleterre dans l'espace. Warren Ellis dispose de peu de place (72 pages) pour développer son intrigue ; il va donc à l'essentiel. En scénariste aguerri, il a retenu les moments les plus forts pour les personnages et pour le lecteur. Ainsi au fil des pages, le lecteur peut se raccrocher à l'ambition et aux manipulations de Dashwood pour ressentir de l'émotion. En parallèle il revit les moments marquants de la conquête de l'espace sous le nouvel éclairage généré par l'uchronie. Warren Ellis entretient une forme de suspense tout au long du récit en laissant planer le doute sur le jugement qui attend John Dashwood pour ses actions. Ce qui rend cette histoire si prenante, c'est qu'Ellis ne s'est pas contenté d'aligner les moments attendus d'une conquête spatiale ; il a créé un personnage aux motivations claires pour qui la fin justifie les moyens. Et il s'attache à rappeler le coût et les bénéfices d'une entreprise spectaculaire et risquée comme la conquête de l'espace. Il est possible d'y voir un commentaire sociétal jouant sur le fait qu'on ne fait pas d'omelettes sans casser d'œufs.
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The Galaxy's Greatest : Celebrating 40 year..

Comme son nom l'indique, ce tome est un recueil de plusieurs récits publiés dans l'hebdomadaire anglais 2000 AD qui fêtait ses 40 ans en 2017. Le principe de choix qui a présidé à la constitution de ce recueil est de demander à des contributeurs réguliers du magazine de désigner leur histoire préférée.



(1) Tharg and the intruder (1977, 3 pages, scénario et dessins de Kevin O'Neill, histoire choisie par Henry Flint) - Tharg fait faire le tour d'une partie des bureaux de la rédaction à un adolescent railleur. (2) Meat (2010, 10 pages, scénario de Rob Williams, dessins de Dylan Teague, récit choisi par Tom Foste) - Un membre de l'équipe de nettoyage après crime intervient à plusieurs reprises après des missions de Judge Dredd. (3) The sweet taste of Justice (1981, 10 pages, scénario de Alan Grant, dessins de Colin Wilson, choisi par Dan Abnett) - Judge Dredd intervient dans une opération d'interception de livraison de produit de contrebande). (4) Mutie's luck (1980, 6 pages, scénario d'Alan Grant, dessins de Carlos Ezquerra, choisi par Al Ewing) - Plusieurs mutants ont choisi de tenter leur chance avec les économies de leur communauté dans le plus grand casino en orbite autour de la Terre. Johnny Alpha et Wulf Sternhammer n'apprécient pas que ces mutants se soient fait plumer par un tricheur. (5) The forever crimes (1979, 6 pages, scénario de John Wagner, dessins de Brian Bolland, choisi par Brendan McCarthy) - Judge Dredd enquête sur des cas de chantages, qui le mènent à une clinique spécialisée dans la cryogénie. (6) Shok! (1981, 7 pages, scénario de Kevin O'Neill & Steve MacManus, dessins de Kevin O'Neill, choisi par Pat Mills) Un jeune policier ramène de vieux bouts de robot à sa femme sculpteuse. Il repart pour une intervention, et une intelligence artificielle s'éveille mettant en danger la vie de sa femme. (7) Krong (1977, 5 pages, scénario de Malcolm Shaw, dessins de Carlos Ezquerra, choisi par Mike McMahon) - Judge Dredd enquête sur une série de meurtres qui semblent avoir été commis par des monstres de cinéma.



(8) The Heart is a Lonely Klegg Hunter (2014, 12 pages, scénario de Rob Williams, dessins de Chris Weston, choisi par Alex Worley) - Ce Klegg ressemble à un gros crocodile anthropomorphe, et tous les habitants de Mega-City One s'attendent à ce qu'il se jette sur eux. Il fait l'objet d'une chasse à l'homme par un groupe privé. (9) The Strange Case of the Wyndham Demon (1992, 10 pages, scénario de John Smith, dessins de John M. Burns, choisi par Kew Walker) - Le docteur Sin doit arrêter une série de meurtres dans la province anglaise. (10) The Sword sinister (1981, 5 pages, scénario de Pat Mills, dessins de Kevin O'neill, choisi par Dave Kendall) - Le brave fermier Olric est choisi par Torquemada pour retrouver l'épée légendaire de ses aïeux. (11) Beyond the wall (1986, 10 pages, scénario d'Alan Grant & John Wagner, dessins de Steve Dillon, choisi par Jock) - Judge Dredd arrête un jeune au comportement anormal. Il va tout mettre en œuvre pour lui faire avouer ce qui a suscité ce comportement. (12) The runner (2001, 6 pages, scénario de John Wagner, dessins de Duncan Fegredo, choisi par Rob Williams) - Judge Dredd surprend un individu en train de courir dans les rues de Mega-City One. (13) A Close Encounter of the Fatal Kind! (1979, 6 pages, scénario d'Alan Grant, dessins de Carlos Ezquerra, choisi par John Wagner) - C'est l'histoire d'Alec Trench, un scénariste dont toutes les histoires ont été refusées par les éditeurs de 2000 AD. Un jour, il est enlevé par des extraterrestres.



En découvrant ce recueil, le lecteur se dit que l'éditeur de 2000 AD ne s'est pas trop foulé comme façon de célébrer l'anniversaire des 40 ans du magazine : une courte anthologie d'histoires choisies par une méthode fleurant bon le népotisme. Des artistes maison de 2000 AD désignent des histoires parues dans le magazine, dont certaines réalisées par leurs collègues qui ont participé à ce choix. D'un autre côté comment rendre hommage à la longévité de ce magazine, sinon en piochant dans son épais catalogue ? Non seulement il y a plus de 2000 numéros dans lesquels chercher des pépites, mais en plus dans 380 numéros du magazine dérivé mettant en scène Judge Dredd, appelé Judge Dredd Megazine. Une partie des histoires paraissant dans 2000 AD font l'objet d'une édition en album quand il s'agit d'un héros récurrent, comme Judge Dredd, Sláine, ABC Warriors, Rogue Trooper, Strontium Dog, Nemesis the Warlock, Button Man, Sinister Dexter, Nikolai Dante, Devlin Waugh, Ampney Crucis, Indigo Prime, Savage, et tant d'autres. Il existe également une poignée de recueils consacrés à des auteurs (à commencer par Alan Moore), et une autre reprenant des histoires courtes. En tout état de cause, il était impossible d'imaginer de commercialiser un gros pavé avec plus d'histoires courtes qui ne se serait pas vendu.



Avec ce point de vue en tête, il apparaît du coup logique que les éditeurs aient cherché un outil de sélection qui puisse faire figure d'argument de vente et finalement un choix réalisé par des créateurs revêt du sens. Toujours avec ce point de vue, il apparaît légitime que les responsables aient demandé des histoires courtes de manière à pouvoir en faire figurer un nombre significatif. Enfin il était inéluctable que les créateurs effectuant les choix portent leur attention sur d'autres du panel car certains ont construit et développé leur carrière au sein de cet hebdomadaire sur plusieurs années, voire plusieurs décennies pour John Wagner et Alan Grant qui étaient déjà présents au tout début en 1977. Le lecteur plonge dans cette compilation avec une histoire de 1977 dans le numéro 24 qui met en scène Tharg, l'avatar du rédacteur en chef. Il sourit en constatant que le recueil se termine avec une autre histoire brisant le quatrième mur dans laquelle il suit un scénariste dont toutes les histoires ont été refusées pour 2000 AD. Alors même que la première histoire ne dure que 3 pages, il éprouve le contentement d'avoir lu une histoire complète substantielle, avec une fin claire. Bien sûr, elle appartient au genre des histoires à chute, avec une forme de justice poétique, mais il est impressionnant de voir que l'auteur réussit à raconter quelque chose de concret en si peu de pages. C'est d'ailleurs une qualité constante pour toutes les histoires retenues. Ces différents auteurs prouvent à chaque reprise que l'art de la nouvelle n'est pas mort en bande dessinée.



Au cours de ces 13 récits, le lecteur constate que Judge Dredd y figure 8 fois. Ce n'est que justice car c'est le personnage récurrent ayant rencontré le plus de succès, jusqu'à ce que sa célébrité permette de créer un magazine dérivé à son nom. L'un des auteurs explique qu'il a choisi une histoire de Dredd parce qu'elle marquait pour lui la cristallisation des caractéristiques du personnage, et un autre parce qu'elle illustre toute son ambiguïté, à la fois professionnel du maintien de l'ordre, à la fois agent de la répression. De fait l'histoire écrite par Rob Williams permet de constater cette ambiguïté, et le fait que la relève de John Wagner (le responsable de l'évolution du personnage depuis plusieurs décennies) semble en bonne voie. Le lecteur habitué de 2000 AD éprouve une certaine satisfaction à voir que 2 autres personnages emblématiques du magazine sont représentés, chacun avec 1 histoire : Nemesis the warlock (une création de Pat Mills & Kevin O'Neill) et Johnny Alpha qui a connu une renaissance au début des années 2010 grâce à John Wagner & Carlos Ezquerra. D'un autre côté, il est compréhensible que cette anthologie ne soit pas dédiée à la gloire des personnages récurrents, mais plus à la diversité des récits, et finalement à leurs créateurs.



En faisant le compte, le lecteur dénombre 4 histoires écrites par Alan Grant, 3 par John Wagner, 3 dessinées par Kevin O'Neill, et 3 par Carlos Ezquerra. Ce sont les créateurs les plus représentés. Il y aurait également bien vu figurer plus d'histoires écrites par Pat Mills, mais peut-être que celui-ci a surtout écrit des histoires plus longues. Avec le recul, il est vrai que le ton du magazine et son succès doivent beaucoup à l'humour so british de Wagner & Grant, et à leur vision politique de la société. Ce n'est donc que justice qu'ils bénéficient de plus de mise en avant. De la même manière, Carlos Ezquerra était également présent au tout début du magazine, ayant participé de manière significative à la définition visuelle de Judge Dredd. En outre, c'est un artiste à la forte compétence narrative, même si le lecteur doit s'attendre un petit temps d'adaptation s'il n'a jamais rien lu de lui. De la même manière, le ton narratif si particulier de Kevin O'Neill se devait d'être représenté dans ce recueil. Le lecteur peut juste regretter que les histoires choisies ne reflètent pas totalement son approche sans concession, anguleuse et très sardonique.



Le lecteur apprécie qu'apparaisse une histoire de Brian Bolland, artiste dont le degré d'implication dans ses dessins et leur finesse ont marqué à jamais plusieurs générations. Il lui semble d'ailleurs en voir l'héritage dans les pages magnifiques réalisées par Dylan Teague et celles réalisées par Chris Weston. Il tombe également sous le charme des illustrations de John M. Burns, évoquant des tableaux peints, avec une forme de nostalgie pour une Angleterre rurale apaisée. Toujours sur le plan visuel, Duncan Fegredo sait aussi donner de la consistance à l'environnement qu'est Mega-City One, quasiment un personnage à part entière des histoires de Judge Dredd. Chacun de ces artistes sait conjuguer les éléments visuels récurrents de la cité, et des apports plus personnels. Bien sûr, le lecteur apprécie à des degrés divers les différentes histoires, tout en étant à chaque fois impressionné par la capacité de chaque scénariste à raconter une histoire consistante en si peu de pages. En termes d'intrigue, il n'y a que celle écrite par John Smith qui a du mal à convaincre, du fait de sa linéarité, du caractère superficiel du personnage principal, et des méchants démons, mais elle est sauvée par les pages de John M. Burns. Pour les autres, le lecteur retrouve systématiquement une histoire à chute bien trouvée, et une forme de d'autodérision anglaise, avec une fibre humaine touchante.



De prime abord, cette façon de marquer un anniversaire de 40 ans semble un peu légère, manquant d'ambition et peut-être de moyens, avec une forme d'autocongratulations entre créateurs. Après la découverte de ces 13 histoires, l'appétence du lecteur pour 2000 AD s'en trouve revigorée, en s'étant remémorer ou en ayant découvert la qualité des créateurs qui y officient.
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Royal Space Force : Ministère de l'espace

Il s'agit d'une minisérie en 3 épisodes écrite par Warren Ellis et dessinée par Chris Weston initialement parue en 2001.



En 2001, une jeune pilote du Ministère de l'Espace britannique vient chercher John Dashwood à l'université de Lowlands pour l'emmener devant un conseil militaire dans une station spatiale. Tout a commencé en 1945 quand une troupe américaine est arrivée dans un camp allemand basé à Peenemunde pour trouver la place désertée. À peine ont-ils fini d'effectuer une reconnaissance des lieux que l'aviation anglaise effectue un lâcher de bombes au dessus de cette base, les massacrant. À partir de cet événement, l'histoire du monde telle que nous la connaissons va s'en trouver modifiée : le Royaume Uni prend la tête de la course à l'espace. Ils sont les premiers à se doter d'un avion capable de voler dans la haute stratosphère, les premiers à envoyer une fusée dans l'espace, les premiers à marcher sur la Lune, etc.



À la lecture, il est évident que les 2 créateurs se sont beaucoup amusés à inventer cette réalité divergente. Chris Weston réalise des illustrations remarquables par les détails qui évoquent le glorieux passé de l'Angleterre, l'Empire où le soleil ne se couche jamais. Dès la première pleine page le ton est donné : dans une riante campagne anglaise, avec un joli village en arrière plan un homme est en train de pêcher avec son jeune fils à ses cotés. Au dessus d'eux s'élève un avion à décollage vertical. Tous les détails sont présents : le banc de pêche en osier, le cygne sur le plan d'eau, les revers sur le short de l'enfant, la clôture en bois, les feuilles soulevées par l'avion et le design spécifique de l'avion. Et tout le reste du tome bénéficie d'illustrations aussi évocatrices et sophistiquées. Il convient de mentionner le somptueux bureau de Winston Churchill qui est superbement mis en valeur par les tons chauds utilisés par Laura Martin dans sa mise en couleurs. En fait chaque scène transporte vraiment le lecteur sur le site au milieu des personnages : une promenade sur une plage, la texture du cuir du blouson des aviateurs, la découverte visuelle de la courbure de la terre vue de la haute stratosphère, le premier aperçu de la station spatiale en orbite autour de notre planète, la destruction d'un moulin à vent lors d'un atterrissage catastrophe avec chaque planche de bois déchiquetée et chaque engrenage projeté par le choc, les riches dorures de Buckingham Palace, etc. Chaque personnage dispose d'une identité graphique individualisée. Et les différents aéronefs et fusées disposent d'un design spécifique avec une cohérence globale dans la durée de l'histoire. À bien y regarder, le lecteur constate également que Chris Weston a su instaurer une logique visuelle qui rend compte de la technologie retenue en particulier pour le mode de propulsion.



Coté scénario, Warren Ellis a concocté une histoire qui suit la conquête de l'espace par les anglais de 1945 à 2001. Le développement du Ministère de l'Espace (Ministry of Space) est vu par les yeux de John Dashwood, un commandant de la Royal Air Force, l'homme qui a rendu possible l'hégémonie de l'Angleterre dans l'espace. Warren Ellis dispose de peu de place (72 pages) pour développer son intrigue ; il va donc à l'essentiel. En scénariste aguerri, il a retenu les moments les plus forts pour les personnages et pour le lecteur. Ainsi au fil des pages, le lecteur peut se raccrocher à l'ambition et aux manipulations de Dashwood pour ressentir de l'émotion. En parallèle il revit les moments marquants de la conquête de l'espace sous le nouvel éclairage généré par l'uchronie. Warren Ellis entretient une forme de suspense tout au long du récit en laissant planer le doute sur le jugement qui attend John Dashwood pour ses actions. Ce qui rend cette histoire si prenante, c'est qu'Ellis ne s'est pas contenté d'aligner les moments attendus d'une conquête spatiale ; il a créé un personnage aux motivations claires pour qui la fin justifie les moyens. Et il s'attache à rappeler le coût et les bénéfices d'une entreprise spectaculaire et risquée comme la conquête de l'espace. Il est possible d'y voir un commentaire sociétal jouant sur le fait qu'on ne fait pas d'omelettes sans casser d’œufs.
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The Filth

Ce tome regroupe les 13 épisodes de la série complète du même nom parue en 2002 et 2003.



Première page, un homme (Spartacus Hughes) en a arrosé un autre d'essence et il lui jette un mégot de cigarette allumée. Deuxième page, Greg Feely achète une litière pour chat, le journal du jour et des magazines pornographiques hardcore pour sa soirée. Il sort du magasin, mange une crotte de nez, et monte dans un bus. Toute la scène est vue à partir de caméras de surveillance vidéo. Dans le bus, une jeune femme s'assoit à coté de lui et le prévient de ne pas déconner avec The Filth (la saleté). Cette jeune femme revient le voir le lendemain et lui révèle qu'il est un agent d'un genre très spécial (dont le vrai nom est Ned Slade) au service de The Hand, une organisation chargée d'éliminer les manifestations extraordinaires remettant en cause l'ordre naturel du monde (ou le statu quo, ça dépend du point de vue). Il est donc remplacé par une doublure qui a charge de veiller sur son chat et il s'en va combattre les cellules cancéreuses de la réalité au coté d'autres agents sortant de l'ordinaire dont Miami (une belle femme noire spécialisée dans les techniques sexuelles), Camarade Dmitri-9 (un chimpanzé russe doté de conscience et de la parole qui exerce le métier de tireur d'élite, et assassin de JFK), sous la tutelle de Mother Dirt (une femme pilotant un ordinateur futuriste et habillée d'une combinaison intégrale en latex, avec le masque). La première mission que Slade doit effectuer concerne le piratage par Spartacus Hughes, d'une nanotechnologie dotée d'une intelligence artificielle et dédiée à soigner les malades dont les défenses immunitaires n'arrivent pas à venir à bout de leurs infections.



Je m'arrête là dans l'histoire parce que Grant Morrison a injecté tellement de concepts et d'idées dans son récit qu'aucun résumé ne peut faire justice au foisonnement de créativité et à la densité narrative. La question de fond concernant ce récit est : comment le lire ? Dans son introduction (sous forme de notice de médicaments), Morrison indique explicitement que chaque aventure est une métaphore incorporant une bonne dose de second degré. Effectivement, l'humour est présent régulièrement dans le récit essentiellement sous forme d'autodérision ce qui constitue des respirations et des décompressions bienvenues pour le lecteur en apnée dans ce monde si riche.



Premier mode de lecture : lire les aventures de Ned Slade au premier degré. C'est marrant, il y a beaucoup d'idées provocantes et transgressives (le président des États-Unis à qui on a greffé une poitrine plantureuse, un stylo géant qui écrit tout seul). Ce mode de lecture apporte la satisfaction d'aventures décalées avec une bonne quantité de scènes d'action. Chris Weston (dessins) et Gary Erskine (encrage) illustrent ces aventures avec un style réaliste et méticuleux. L'immersion est complète que ce soit dans l'appartement très ordinaire de Greg Feely, ou dans l'espace étrange autour de la base de The Hand. Mais dans ce mode de lecture, beaucoup de passages semblent déplacés ou inutiles. Beaucoup d'intrigues ne semblent déboucher sur rien (par exemple, qui sont Man Green et Man Yellow ?, dans quelle structure plus vaste s'insèrent-ils ?).



Deuxième mode de lecture : chercher les métaphores. Ce niveau est accessible à tout le monde car Morrison est un scénariste chevronné. Ned Slade a oublié qui il était pendant qu'il prenait des vacances en tant que Greg Feely. Donc les personnes autour de lui lui expliquent ce qui se passe au fur et à mesure. Le lecteur profite de ces explications et la première métaphore sur le système immunitaire apparaît évidente. À nouveau, Morrison utilise le postulat de base de la mémétique pour nourrir l'un des épisodes et développer une métaphore relative à la propagation des idées. Là encore, Weston et Erskine effectuent un travail incroyable en donnant forme aux concepts les plus sophistiqués de Morrison. Les véhicules utilisés par The Hand sont un mélange de technologie rétro-futuriste (la science fiction anglaise des années 1960) et de cauchemars (les dents acérées) dont l'amalgame est réussi. Le paquebot géant évoque les luxueux palaces flottant et les illustrateurs ont bien fait leur travail de recherche de références pour que le résultat soit crédible et consistant. Avec ce mode de lecture, la structure du récit devient plus compréhensible, les scènes qui semblaient inutiles prennent du sens et la progression dramatique devient apparente.



Troisième mode de lecture : interpréter les allégories. Alors là, c'est beaucoup plus dur. Morrison en explicite certaines (la nature des costumes revêtus par les agents de The Hand qui reposent sur les théories freudiennes), la relation entre le créateur et ses créations (l'ingérence d'agents de The Hand dans le comics dédié à Secret Original) et quelques autres. Et puis il y en a d'autres qui exigent une grande culture de la part du lecteur sur des sujets très hétéroclites. Lors de la parution de cette histoire, Morrison a par exemple expliqué qu'il avait bâti son récit sur les Qliphoth de la Kabbale (l'arbre des Sephirot négatifs, j'ai commencé par chercher sur wikipedia et il est évident qu'il va me falloir du temps pour assimiler ces concepts). Il faut également avoir une idée de qui est Max Hardcore (Paul Little) et ce qu'il a fait, pour comprendre la parodie de Tex Porneau et son engin pixellisé. Il faut également un petit peu de culture comics pour appréhender le concept de superhéros et ainsi faire émerger le lien organique qui existe entre Secret Original et son créateur, mais aussi ses lecteurs, pour en déduire que Morrison compare la réalité à un organisme vivant dont nous sommes des cellules codépendantes. J'ai été confronté à plusieurs reprisées à des concepts ou des idéologies qui me sont inconnus et qui me demanderont du temps pour les assimiler. De ce fait, il reste encore beaucoup d'éléments du récit qui ne font pas sens pour moi comme la signification de l'amour de Feely pour son chat. Et ce n'est qu'en rédigeant ce commentaire que j'ai compris d'où provient l'appel à l'aide laissé en lettres de sang sur un tampon hygiénique.



Néanmoins le premier mode de lecture permet de trouver du plaisir à ces aventures du début jusqu'à la fin, même si l'on est perdu dans certains passages trop hermétiques ou trop intellectuels. Et puis les illustrations portent la lecture dans tous les passages, même les plus délirants. Weston et Erskine donnent des visages reconnaissables à chacun et transmettent le second degré du scénario. Par exemple, les agents de The Hand portent tous un postiche en guise de cheveux pour les isoler des ondes négatives. Il s'agit d'une idée loufoque de mauvaise science-fiction pour laquelle les illustrateurs ont trouvé le juste milieu entre perruques réalistes et moumoutes de clown. Ils mettent en scène les passages pornographiques sans tomber dans le voyeurisme, ni atténuer la cruauté de ces rapports. Ils mettent en image les motifs visuels (la main tenant le stylo) sans user de la photocopie, tout en créant un lien évident en ses différentes apparitions.



À la fois pour les thèmes abordés et pour la complexité, cet ouvrage est à réserver à des adultes consentants et avertis. Je ne pense pas que l'on puisse comprendre tous les éléments du récit à la première lecture. Pour autant, Morrison, Weston et Esrkine ont créé une histoire regorgeant de matière et de symboles où tout le monde peut trouver quelque chose. Je relirai cette histoire avec plaisir d'ici un an ou deux, un peu à la manière de Watchmen pour lequel il faut plusieurs lectures pour déceler les correspondances, les indices et les significations multiples.
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Royal Space Force : Ministère de l'espace

Allemagne, 1945. Le commando de G.I. qui pénètre dans le village de Peenemünde afin d’y récupérer les créateurs de la fusée V2 ne se doute pas qu’au Royaume Uni, John Dashwood a donné l’ordre de bombarder la zone. Le jeune officier de l'armée britannique a non seulement convaincu Churchill et son état-major de doubler les Russes et les Américains, mais crée également un ministère de l’Espace afin que l'Angleterre puisse surpasser tous ses concurrents dans la course aux étoiles. Mais à quel prix ?



Si, à l’occasion du premier tome de la série Jour J, Jean-Pierre Pécau, Fred Duval et Fred Blanchard plantaient le drapeau russe sur l'unique satellite naturel de la Terre, Warren Ellis les avait déjà précédés en 2001 en faisant flotter l’Union Jack sur la Lune. Initialement publié en 2005 sous le nom de Ministère de l’Espace chez Semic, cette mini-série en trois volets, construite sur la base du concept «What if ?», bien connu des lecteurs de comics, propose donc également une revisite de la conquête spatiale.



« Et si ? » les Anglais s’étaient emparés des savants nazi qui se trouvaient à Peenemünde et avaient réussi à poser le premier pas sur la Lune, au nez et à la barbe des Russes et des Américains… c’est l’histoire alternative à la notre qu’imagine Warren Ellis. Au-delà de l’épopée de la conquête de l'espace - que l’auteur survole finalement assez vite - c’est surtout la destinée de John Dashwood, un homme ambitieux au projet complètement fou, qui est mis en avant dans cette uchronie. De nombreux flash-backs permettent de découvrir l’origine et les aboutissement du programme spatial britannique entre 1945 et 2001, à travers le regard de ce général de la Royal Air Force qui a rendu possible l’hégémonie du Royaume-Uni au-delà de l’atmosphère.



La vérité sur le financement obscur d’une telle opération sert de fil rouge au récit et permet d’ajouter un soupçon de suspense à une histoire relativement simple, qui aurait sans doute méritée un développement plus approfondi. Ces dessous moins glorieux, cet irrésistible besoin de ridiculiser les américains et cette dernière case percutante qui offre une toute autre vision au récit et permet de relativiser les exploits technologiques, caractérisent bien le travail de Warren Ellis. Les fans de ce maître du politiquement incorrect au regard très cynique savent qu’il n’hésite jamais à jalonner ses récits de controverses. Le dessin réaliste et minutieux de Chris Weston (The Twelve) permet de donner vie à cette réalité alternative et s’avère particulièrement efficace au niveau du design des différents engins volants.



Une uchronie très plaisante qui ne manquera pas de ravir les amateurs de SF et de conquête spatiale.
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The twelve, Tome 1 :

Si vous vous intéressez aux comics, le nom de J. Michael Straczynski ne vous est surement pas inconnu. Après avoir repris les aventures Spider-man, il a publié bon nombre de comics tel que Midnight Nation ou Rising Stars. Il a également travaillé pour la télévision (on lui doit Jeremiah et Babylon 5) ou encore récement pour le cinéma (le scénario de film de Clint Eastwood L’Échange, c’est lui). Autant dire qu’un nouveau comics du monsieur a de quoi susciter l’intérêt...
Lien : http://arkhama.free.fr/spip...
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The twelve, Tome 1 :

Berlin, avril 1945. Accompagnés de leurs justiciers les plus emblématiques, les alliés s’apprêtent à mettre fin au régime nazi. Douze héros peu connus se retrouvent cependant isolés de cette marche vers la victoire et tombent dans un ultime piège tendu par les SS. Placés en hibernation en vue d’expérimentations futures visant à créer l’Übermensch absolu, ils se retrouvent finalement coupés du monde pendant près de soixante ans. Récupérés par un gouvernement US qui oblige depuis peu les surhumains à agir dans la transparence, en tant qu’agents fédéraux, leur réveil s’annonce brutal !



Un siècle difficile propose la première moitié de cette saga qui compte autant d’épisodes que de héros. Le concept de base de cette mini-série n’est pas sans rappeler Watchmen, le chef-d’œuvre d’Alan Moore et Dave Gibbons. En mettant en scène des justiciers costumés qui reprennent du service dans un monde qui n’est plus le leur, J. Michael Straczynski (Amazing Spider-Man, Rising Stars, Midnight Nation) et Chris Weston (The Filth) placent également un miroir devant des héros américains qui n’en ressortent pas forcément grandis. Le procédé utilisé pour ramener ces sous-fifres du Golden Age dans l'univers post-Civil War de Marvel n’est finalement qu’une version plus moderne du bloc de glace de Captain America et a déjà souvent été exploité depuis.



Mais, malgré cet air de déjà-vu, Twelve s’avère être un récit efficace et parfaitement maîtrisé. A travers le Reporter Fantôme, qui fait office de narrateur principal, le scénariste développe progressivement la psychologie des différents protagonistes. Confrontés à une nouvelle réalité, les douze essayent de trouver un sens à leur vie, tout en tentant d’assimiler les évolutions qu’a connue la société, notamment en ce qui concerne l’augmentation de la pollution et de la violence, ainsi que sur le plan de l’émancipation des femmes et des minorités ethniques. Victimes d’un choc culturel brutal, certains s’accommodent en apparence plus facilement à ce nouvel environnement, alors que d’autres sont complètement déphasés et dans l’incapacité de faire face au passé qui les rattrapent et au futur qu’ils intègrent si difficilement. Outre leur isolement au sein d’un groupe sans véritables racines communes, c’est surtout leur impuissance qui est mise à jour, d'autant plus que tous ne sont pas dotés de super-pouvoirs.



Derrière cette couverture délibérément rétro, le style légèrement désuet de Chris Weston sied parfaitement à ce revival d’anciennes gloires Marvel. Très à l’aise sur les costumes et les personnages assez vieux jeu, le dessinateur livre des planches fort détaillées, mais également d’une grande lisibilité.



En tenant compte de la vague Watchmen qui s’apprête à déferler sur l’Hexagone, le choix de Panini de placer des héros sortis d’un autre âge en vitrine des librairies, alors que la suite de cet excellent récit est encore en stand-by aux Etats-Unis, est peut-être logique … mais sans doute un peu risqué.
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The Filth

Difficile de donner son avis sur cette œuvre hors norme qui, par moments, m’a fait penser à un mélange entre "Transmetropolitan" et l'excellent "Lola Cordova".



Au niveau scénario, c’est le chaos total ... et pourtant, en scrutant bien, on y apercevra une certaine structure. Certaines parties sont excellentes, voire géniales, par contre pour d'autres on est plus proche de la provocation gratuite. Du coup, comme pour "Transmetropolitan", je reproche à cet album un manque de constance: alors que le premier contenait certaines longueurs, "The Filth" contient des passages trop flous. La frontière entre le génial et le n'importe quoi est parfois trop vague, et le fait de passer de l'un à l'autre est souvent frustrant.



Si le tout manque volontairement de structure, l’intrigue déborde d’inventivité et le lecteur est balancé dans tous les sens. Un singe sniper qui fume des joints, des spermatozoïdes tueurs géants, un type qui meurt noyé dans sa propre urine et un autre qui éjacule une semence noirâtre : le délire est total et la provocation omniprésente. Grant Morrisson ne se retient pas et prend plaisir à nous balancer un monde baignant dans un merdier chaotique à la tronche. La folie de Grant Morrisson est admirablement mise en image par Chris Weston, mais la qualité du support laisse par contre à désirer malgré le prix conséquent de l’album.



Un OVNI du neuvième art !

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The Authority, Tome 2 : Enfer sur Terre

La première moitié de cet album est totalement inintéressante et ne livre qu’une accumulation de cataclysmes : raz de marée, tremblement de terre, inondation et irruption volcanique sont au menu. Les victimes sont les êtres humains et ceux qui viennent à la rescousse sont nos gros-bras sans pitié de "The Authority". Franchement pas de quoi s’extasier !



La deuxième partie va gagner un peu en profondeur et l’intrigue développée va s’avérer plus ou moins intéressante. Mais, cela reste quand même un peu maigre, surtout que l’effet de surprise du premier tome concernant le concept de base de la série à disparu. Le côté trash et cruel des super-héros ne surprend plus, ni la violence gratuite qu’ils étalent au fil des pages. De plus, la narration par télépathie entre les différents protagonistes prête par moments à confusion.



Toujours pas emballé par cette série aux super-héros non-conventionnels !
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The Authority, Tome 2 : Enfer sur Terre

Trash, trash, trash.

On le redira jamais assez, The Authority est trash.

Pas dans le genre "on étale du vomi et du caca pour faire les pré-ados boutonneux", mais dans le style " Ceci est un comics qui se situe dans le monde réel. Si vous aviez des super pouvoirs, vous seriez aussi un salopard imbu de soi même qui impose sa volonté parce qu'il le peut."



The Autority est une super équipe à la base issue de l'univers Stormwatch, qui était une organisation de l'ONU opérant avec le concours de "super héros". Elle a été démantelée à cause de son ingérence dans des affaires politiques internationales. Stormwatch Black, l'équipe la plus violente, a survécu au massacre de ses collègues et a refusé de jeter l'éponge, quittant l'ONU et prenant le nom d'AUTHORITY.



En gros, Authority donne des ordres aux états sous peine d'execution sommaire, se bat contre Dieu, la Terre, des Extra-Terrestres.

On fait dans le grand spectacle, la violence et le politiquement incorrect avec une justesse de ton inégalée.



Dommage que la censure américaine ait réussi à tuer la série à petit feu après les événements du 11 Septembre...
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Judge Dredd : Contrôle

"Judge Dredd : Contrôle" est un excellent titre.
Lien : https://www.lescomics.fr/rec..
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Judge Dredd : Contrôle

x. Gore à souhait aussi avec des scènes musclées. Et la suite est drôle avec le Klegg chassé, Grudzilla, le gang des grands singes, huit histoires, des couvertures originales et les biographies, un très bon recueil une fois de plus dépaysant au possible.
Lien : https://www.ligneclaire.info..
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Royal Space Force : Ministère de l'espace

Royal Space Force, one-shot brillant, touche à la perfection. Le scénario de Warren Ellis est fin, intrigant mais sans en faire trop, et je peine à trouver le moindre défaut au dessin de Chris Weston et aux couleurs de Laura Martin
Lien : http://bulles-et-onomatopees..
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