Christelle Dormoy-Rajramanan - Mai 68: fenêtre dopportunité pour un haut fonctionnaire au placard.
Mai 68 fut un immense cri de rage et de liesse au contenu explicite souvent confus et inaudible et parfois incohérent, mais dont le sens implicite s'est révélé pour beaucoup porteur d'un élan vital libérateur parce que la plus grande part des codes organisationnels avaient été revisités, contestés, ringardisés, redéfinis, réinventés.
Je ne suis plus spectateur mais acteur...je reprends : je ne suis plus spectatrice mais actrice de mes jours et de mes nuits, de mes pensées, de ma réflexion, de mon corps, de ma sexualité, de mes rêves...de cette utopie collective qui devient mienne.
Le débat existait chez les gradés. J'ai personnellement assisté à une très vive altercation entre le capitaine responsable de l'unité et son adjoint. Le capitaine condamnait les manifestations étudiantes, soulignant que l'on n'avait jamais vu cela et qu'il fallait y mettre un terme rapidement, et son adjoint lui rétorquait en sortant de son bureau, en claquant violemment la porte : " On n'a peut-être jamais vu ce type de manifestations mais on n'a jamais vu non plus la Sorbonne occupée par la police." ( Gérard Montant )
Mai ne débute pas en Mai.
Imprévue, l'explosion naît d'une accumulation de colères et de refus bien antérieure. Mai n'est anticipé par personne.
Marseille, mai 1968
Une chenille de grévistes en colère qui s’étirait depuis la rue Monte-Cristo jusqu’au cours Franklin Roosevelt et la Canebière.
L’école était fermée et ce furent, pour moi et mes camarades du quartier, de grandes vacances anticipées.
Jeu des doigts dans la prise électrique en lieu et place du cours de physique-chimie. Le temps était à l’audace.
Mai 68 à Marseille : j’allais bientôt avoir dix ans…
Comment peut-on avoir, autant que moi, manqué le train de l’Histoire ? JL