Il y a quelques semaines, un ami viennois de quatre-vingts ans, qui avait participé à la résistance en Autriche, me racontait que le jour où Hitler tenait au Heldenplatz son fameux discours, toute la ville déferlait vers cette place, et lui, seul, jeune homme, montait en sens inverse la Mariahieferstrasse, se rendant à une réunion de résistants. Et il me racontait que, seul à remonter le courant de toute une foule, il se disait : « Mais tu ne peux pas avoir raison contre tous. Ce n'est pas possible. Tu ne peux pas être seul à avoir raison. » Et, au fond de lui, une voix lui disait : « Mais oui, tu peux »