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Citation de coco4649


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Extrait 7

Je ne peux pas te parler, dit la femme. Rien n’a pourtant
bougé dans la pièce, rien n’a changé depuis que tu es là. La
musique est même peut-être plus présente, plus autonome.
Je ne t’attendais pas, et je sais que je ne dois pas t’attendre
si je veux que tu puisses revenir. Tu es arrêtée au bord
du premier tapis, le bleu, carré noir en son centre, tu n’es
pas timide, tu n’as pas le visage baissé, le corps effacé, tu
pourrais te remettre en mouvement avec le corps compact
et libre que l’on t’a donné, le corps des jeux et de la parole
jaillissante, celle qui charrie joie et colère – violente, la
colère lorsqu’elle te traverse –, qui charrie amour et coups
lorsque l’amour vient à manquer, une parole de coups qui
te ronge un peu le ventre après coup.
Ici, tu ne sais quelle parole laisser sortir, tu te tiens droite
dans ton gilet de laine bleu, celui que tu perdras au pro-
chain été, au bord du lac où tu auras couru tout l’après-
midi, et qui mettra un nœud au ventre de ta mère parce que
c’est beaucoup perdre que perdre un gilet.

Les tapis, dit l’enfant, c’est une mer qu’il me faudrait fran-
chir pour avancer dans la pièce. La dame est de l’autre
côté, assise bas, sans doute sur un matelas de divan posé
sur le sol, son dos appuyé au mur derrière. Le matelas est
recouvert d’un couvre-pied qui brille un peu. Je connais
les divans, mais pas posés par terre. Le divan, c’est un lit,
il y a le sommier dessous, et les pieds du sommier.


p.15
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