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Citation de coco4649


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Extrait 8

On ne s’assoit pas dessus, on s’allonge le soir pour dormir, on
a la tête bordée par l’angle du cosy, et derrière l’angle du cosy
il y a la table où on mange poussée contre la cheminée, et
juste entre l’angle du cosy et le bord de la table, une petite
place pour mettre une chaise où je m’assois chaque soir
pour manger parce que de nous quatre c’est moi la plus
petite et que je peux me glisser là. Déjà ça : je vois bien
qu’il s’agit d’un autre monde là où on s’assoit presque par
terre sur un lit qui n’est plus un lit. Et tout cet espace vide,
seulement dévoué à une mer de tapis, comme si l’on avait
ouvert la maison à l’inutile. De l’inutile, je connais l’entrée.
Je l’ai apprise chez Juliette Verdun, sur le seuil de madame
Luciani, l’entrée c’est la façon qu’a une maison de n’être
pas familière, on n’entre pas chez soi avec une entrée, on
entre ailleurs, pas dans la buée familiale, l’odeur intime de
la vie nourricière et absorbante – chez soi, on est absorbé
autant que nourri – pas d’odeur avec l’entrée, de rumeur
des jours, de plain-pied. Sans entrée, montage cut du de-
hors et du dedans. Je n’ai pas peur de l’entrée ni du vaste
espace gratuit, pas peur de l’ailleurs, seulement j’attends.

Heureusement, dit la femme, tu n’as pas peur. Tu es devant
une étrangère mais tu n’as pas peur. Ça ne changerait rien
si je te disais qui je suis. Tu ne comprendrais pas. C’est moi
qui tremble un peu. Il n’y a que moi qui crois comprendre,
qui crois savoir qui je suis.
Tu me vois ici, dans la pièce aux tapis.


p.16
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