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Citation de coco4649


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Extrait 9

Mais j’habite une maison sans murs, une fragile et puis-
sante maison faite de seules fenêtres par où se glissent
ou s’engouffrent, suivant la force des vents, les émotions.
Elles me donnent vie, elles m’épuisent. C’est pourquoi j’ai
toujours eu besoin de dormir profondément. Toi aussi tu
dors profondément : tu es une enfant dont on protège le
sommeil dans la pièce commune. Tu es d’un bloc, encore.
Même si tu avances un pied puis l’autre sur le tapis, même
si tu t’avances dans cette pièce où tu ne sais comment
te mouvoir, tu resteras compacte : le temps n’est pas venu
de te fendre. Il est rare à présent que m’arrive le sommeil
profond. L’insomnie est une crevasse d’où s’enfuient le
sommeil et les rêves, ils disparaissent comme évaporés au-
dessus de la fente de la nuit, et se durcit la croûte noire où
se raclent sans fin les angoisses.
Les angoisses sont étroites, c’est de l’étroit qu’elles viennent,
et celles de l’insomnie le sont encore plus : ce n’est pas seu-
lement du passage de l’air dans la gorge qu’elles font un
détroit mais de tout l’être, peu à peu par cercles concen-
triques réduit à un point totalitaire. L’insomnie est royaume
du pouvoir, tous ses murs sans fenêtres défendus contre la
puissance – de l’émotion. Pas d’émotion dans l’insomnie,
c’est la fixité même. Puissance meut, pouvoir fixe.
Comment puis-je être en train de dire ces choses devant
toi ? C’est comme montrer la guerre à qui ne connaît que
son absence.


p.16-17
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