Au jardin
Sous l'olivier
Verrais-je
Celui que mon coeur
Aime
Au jardin
Sous l'olivier
Trouverais-je
La graine que son coeur
Sème
Au jardin
Sous l'olivier
Viendra-tu
Rejoindre la fleur
Solitaire
Désaltère-moi
Pluie heureuse
Et généreuse
Fais germer en moi
Des rimes
Tristes et nostalgiques
Enivre-moi
De grappes de poèrnes
Encore à naître
Voilée
De lumière
La douceur
D'un premier jour
D'été
Pudiquement caresse
La fragilité
De l'instant
Déjà passé
Quand le martèlement
Du pas cadencé
Annonça sur la terre
L'arrivée de l'horreur
Dans le ciel
Les étoiles commencèrent à trembler
Puis voyant lune après lune
Des milliers d'étoiles
Marcher se cacher s'éteindre
Une étoile
Déchira le ciel
Descendit les dénombrer
Et sur chacune déposer
Un nom nouveau
La terre alors redevint
Le temps d'une nuit sans fin
Un buisson ardent
Aujourd'hui, il reste peu de choses de ce camp (de Westerbork) et le témoin peut-être le plus impressionnant de ce passé est une pierre silencieuse, posée au terminus de la ligne de chemin de fer. Sur cette pierre, on peut lire en caractères hébraïques (un extrait des) Lamentations de Jérémie (...)
Pourquoi, aujourd'hui, revenir sur les horreurs que ce lieu a connues ? Parce qu'il ne reste de ce passé qu'une pierre silencieuse posée au cœur d'une forêt sombre et pourtant belle, encore mystérieusement habitée ? Oui, certainement, cette pierre et cette forêt ont déposé en moi, quand je les ai visitées, le désir de les écouter et de renouer le dialogue avec un passé toujours présent.
(Introduction à "La forêt étoilée, Westerbork)
Le temps
Est venu
De porter en terre
Ma désespérance
Sur le pré
Fraîchement labouré
Se pose
Le regard malicieux
De la lune
Elle attend
Dans l'heure tranquille
Des étoiles
Que je cueille
La fleur de l'amandier
Comment tes pleurs
Ô Père
N'ont-ils pas
Noyé la terre
Quand dans la nuit
Les trains traçaient
Des sillons de mort
Et que la fumée
Asphyxiait la lune
Prier
C'est manger
le pain
Qui soutient
Les pas
Ouvrant
Le chemin